Page:Verne - Les Enfants du capitaine Grant.djvu/195

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« Et pourtant, dit-il, ce trente-septième degré de latitude n’est pas un vain chiffre ! Qu’il s’applique au naufrage ou à la captivité d’Harry Grant, il n’est pas supposé, interprété, deviné ! Nous l’avons lu de nos propres yeux !

— Tout cela est vrai, Votre Honneur, répondit Tom Austin, et cependant nos recherches n’ont pas réussi.

— C’est irritant et désespérant à la fois, s’écria Glenarvan.

— Irritant, si vous voulez, répondit Mac Nabbs d’un ton tranquille, mais non pas désespérant. C’est précisément parce que nous avons un chiffre indiscutable, qu’il faut épuiser jusqu’au bout tous ses enseignements.

— Que voulez-vous dire, demanda Glenarvan, et, à votre avis, que peut-il rester à faire ?

— Une chose très-simple et très-logique, mon cher Edward. Mettons le cap à l’est, quand nous serons à bord du Duncan, et suivons jusqu’à notre point de départ, s’il le faut, ce trente-septième parallèle.

— Croyez-vous donc Mac Nabbs, que je n’y aie pas songé ? répondit Glenarvan. Si ! cent fois ! Mais quelle chance avons-nous de réussir ? Quitter le continent américain, n’est-ce pas s’éloigner de l’endroit indiqué par Harry Grant lui-même, de cette Patagonie si clairement nommée dans le document ?

— Voulez-vous donc recommencer vos recherches dans les Pampas, répondit le major, quand vous avez la certitude que le naufrage du Britannia n’a eu lieu ni sur les côtes du Pacifique ni sur les côtes de l’Atlantique ? »

Glenarvan ne répondit pas.

« Et si faible que soit la chance de retrouver Harry Grant en remontant le parallèle indiqué par lui, ne devons-nous pas la tenter ?

— Je ne dis pas non, répondit Glenarvan…

— Et vous, mes amis, ajouta le major en s’adressant aux marins, ne partagez-vous pas mon opinion ?

— Entièrement, répondit Tom Austin, que Mulrady et Wilson approuvèrent d’un signe de tête.

— Écoutez-moi, mes amis, reprit Glenarvan après quelques instants de réflexion, et entends bien, Robert, car ceci est une grave discussion. Je ferai tout au monde pour retrouver le capitaine Grant, je m’y suis engagé, et j’y consacrerai ma vie entière, s’il le faut. Toute l’Écosse se joindrait à moi pour sauver cet homme de cœur qui s’est dévoué pour elle. Moi aussi, je pense que, si faible que soit cette chance, nous devons faire le tour du monde par ce trente-septième parallèle, et je le ferai. Mais la question à résoudre n’est pas celle-là. Elle est beaucoup plus importante, et la voici :