Page:Verne - Les Enfants du capitaine Grant.djvu/62

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en climatologie, en ethnographie, en hypsométrie, il y a beaucoup à faire.

— Vous aurez des fleuves à reconnaître, dit lady Helena.

— Il n’y en a pas, Madame, répondit Paganel.

— Eh bien, des rivières ?

— Il n’y en a pas non plus.

— Des cours d’eau alors ?

— Pas davantage.

— Bon, fit le major, vous vous rabattrez sur les forêts.

— Pour faire des forêts, il faut des arbres ; or, il n’y a pas d’arbres.

— Un joli pays ! répliqua le major.

— Consolez-vous, mon cher Paganel, dit alors Glenarvan, vous aurez du moins des montagnes.

— Oh ! peu élevées et peu intéressantes, mylord. D’ailleurs, ce travail a été fait.

— Fait ! dit Glenarvan.

— Oui, voilà bien ma chance habituelle. Si, aux Canaries, je me voyais en présence des travaux de Humboldt, ici, je me trouve devancé par un géologue, M. Charles Sainte-Claire Deville !

— Pas possible !

— Sans doute, répondit Paganel d’un ton piteux. Ce savant se trouvait à bord de la corvette de l’État la Décidée, pendant sa relâche aux îles du Cap-Vert, et il a visité le sommet le plus intéressant du groupe, le volcan de l’île Fogo. Que voulez-vous que je fasse après lui ?

— Voilà qui est vraiment regrettable, répondit lady Helena. Qu’allez-vous devenir, monsieur Paganel ? »

Paganel garda le silence pendant quelques instants.

« Décidément, reprit Glenarvan, vous auriez mieux fait de débarquer à Madère, quoiqu’il n’y ait plus de vin ! »

Nouveau silence du savant secrétaire de la Société de Géographie.



« Moi, j’attendrais, dit le major, exactement comme s’il avait dit : Je n’attendrais pas.