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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/102

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VI

en vue de l’île norfolk.


Un quadrilatère presque régulier sur trois de ses côtés, dont le littoral s’arrondit, se relève et modifie vers le nord-ouest la régularité ; à ses quatre angles les pointes Howe, Nord-Est, Rocs et Rochy ; plus excentriquement un pic, le Pitt-Mount, qui dresse sa cime à environ onze cents pieds d’altitude : telle est la figure géométrique de l’île Norfolk, située en ces parages du Pacifique par 29°02’ de latitude sud et 105° 42’ de longitude est.

Cette île n’a que six lieues de périmètre, et, de même que toutes ses pareilles de ce vaste océan, elle est entourée d’un anneau de corail qui la défend comme une muraille défend une ville forte. Les houles du large ne rongeront jamais sa base de craie jaunâtre qu’un léger ressac suffirait à détruire, puisque les lames se brisent contre les roches coralligènes avant de l’atteindre. Aussi les navires ne peuvent-ils que difficilement l’accoster en se glissant à travers d’étroites et dangereuses passes, exposés à toutes les surprises des tourbillons et des remous. De port, proprement dit, il n’en existe pas à Norfolk, C’est au sud seulement, dans la baie Sydney, que des pénitenciers furent établis. Par sa situation isolée, par la difficulté d’y débarquer, par la difficulté d’en sortir, il semble, en effet, que la nature ait destiné cette île à n’être qu’une prison.

Il convient même d’observer qu’au sud, dans la direction des îlots Nepcan et Philips, qui complètent le petit groupe Norfolk, ces récifs de corail se prolongent jusqu’à six ou sept lieues du littoral.