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LES FRÈRES KIP

nous vint l’idée d’allumer un feu sur la pointe… Des herbes desséchées, du bois sec, nous en apportâmes par brassées, et des charbons ardents du foyer que nous entretenions sur cette grève… Bientôt s’éleva une lueur éclatante… Si le bâtiment était toujours à son mouillage, elle ne pouvait échapper à la vue des hommes de quart !… Ah ! quelle joie, lorsque, vers dix heures, nous entendîmes une triple détonation !… Un fanal brilla dans la direction du brick !… Nous avions été vus… Nous étions sûrs maintenant que le navire attendrait le jour avant de partir, et que nous serions recueillis dès l’aube… Mais il était temps, capitaine, oui !… il était temps, et, comme à votre arrivée, je vous répète : Merci… merci !… »

Visiblement les naufragés paraissaient être à bout : alimentation insuffisante, forces épuisées, dénuement complet sous les haillons qui les recouvraient à peine, et l’on comprendra qu’ils eussent hâte d’être à bord du James-Cook.

« Embarquez…, dit M. Gibson. Vous avez besoin de nourriture et de vêtements… Puis, nous verrons ce que nous pourrons faire. »

Les survivants de la Wilhelmina n’avaient point à retourner sur le littoral. On leur fournirait tout leur nécessaire. Ils n’auraient plus à remettre le pied sur cette île !

Dès que M. Gibson, son fils et les deux frères eurent pris place à l’arrière, le grappin fut ramené et le canot se dirigea à travers la passe.

M. Gibson avait observé en les écoutant, à la manière dont ils s’exprimaient, que ces deux hommes étaient supérieurs à la classe où se recrutent d’ordinaire les matelots, Toutefois, il avait voulu attendre qu’ils fussent en présence de M. Hawkins pour s’informer de leur situation.

De son côté, à son vif déplaisir, Vin Mod s’était aussi rendu compte qu’il ne s’agissait point de ces marins prêts à tout comme Len Cannon et ses camarades de Dunedin, ni même de ces