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LES FRÈRES KIP

À cette époque arriva le trois-mâts goélette Wilhehnina, de Rotterdam, dont la relâche serait de courte durée. C’était un navire de cinq cents tonneaux, qui allait regagner son port d’attache en faisant escale à Wellington, d’où son commandant, le capitaine Roebok, ferait voile vers l’Atlantique, en doublant le cap Horn.

Si la place de second eût été vacante, nul doute que Karl Kip ne l’eût obtenue. Mais le personnel était au complet, et aucun des matelots du Maximus ne put s’y engager. Karl Kip, ne voulant pas perdre cette occasion, retint une cabine de passager sur la Wilhelmina.

Le trois-mâts mit en mer le 23 septembre. Son équipage comprenait le capitaine, M. Roebok, le second, Stourn, deux maîtres et dix matelots, tous Hollandais d’origine,

La navigation fut très favorisée sur le parcours de la mer des Arafura, si étroitement enfermée entre la côte septentrionale de l’Australie, la côte méridionale de la Nouvelle-Guinée, et le groupe des îles de la Sonde, à l’ouest, qui la défend contre la houle de l’océan Indien. À l’est, elle n offre pas d’autre issue que le détroit de Torrès, que termine le cap d’York.

À l’entrée de ce détroit, le navire rencontra des vents contraires qui le retardèrent quelques jours. Ce ne fut que le 6 octobre qu’il parvint à se dégager des nombreux récifs et à débouquer dans la mer de Corail.

Devant la Wilhelmina s’ouvrait alors l’immense Pacifique jusqu’au cap Horn, qu’elle devait rallier après une courte relâche à Wellington, de la Nouvelle-Zélande. La route était longue, mais les frères Kip n’avaient pas eu le choix.

Dans la nuit du 19 au 20 octobre, tout allait bien à bord, les matelots de quart à l’avant, lorsque se produisit un épouvantable accident que la plus sérieuse vigilance n’aurait pu éviter. De lourdes brumes, très obscures, enveloppaient la mer, absolu-