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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/140

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LES FRÈRES KIP

suffirait tout d’abord de s’être débarrassé de deux, n’importe lesquels, pour que la partie fût égale… et il termina sur ces mots :

« Il faut faire le coup la nuit prochaine. Que maître Balt dise oui… je préviens les autres, et, demain, le brick aura le cap au large…

— Voyons, maître Balt, que répondez-vous ?… » demanda Vin Mod.

Le maître d’équipage se taisait encore devant cette formelle mise en demeure.

« Eh bien… est-ce convenu ?… » reprit en insistant Len Cannon.

En ce moment, M. Gibson, qui se trouvait à l’arrière, appela Flig Balt. Celui-ci alla le rejoindre.

« Il ne veut donc pas marcher ?… demanda Len Cannon à Vin Mod.

— Il marchera, répondit le matelot, sinon la nuit prochaine, du moins quand l’occasion se présentera…

— Et si elle ne se présente pas ?…

— On la fera naître, Cannon !

— Alors, déclara le matelot, que ce soit avant l’arrivée en Nouvelle-Irlande !… Mes camarades et moi, nous n’avons pas embarqué à bord du brick pour naviguer sous les ordres du capitaine Gibson, et, je te préviens, Mod, si l’affaire n’est pas faite d’ici là, à Port-Praslin nous filerons…

— Entendu, Len…

— Entendu, Mod… Ce n’est pas nous qui ramènerons le James-Cook à Hobart-Town, où nous n’avons que faire de traîner nos pattes ! »

En somme, Vin Mod s’inquiétait surtout des hésitations de Flig Balt. Il connaissait sa nature cauteleuse qui le portait plutôt à l’astuce qu’à l’audace. Aussi s’était-il toujours avisé qu’il faudrait l’engager un jour ou l’autre de manière qu’il ne pût plus reculer.