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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/152

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LES FRÈRES KIP

le millier de piastres de Pieter Kip, il ne se fût fait aucun scrupule de remporter.

Il n’y avait plus rien à recueillir à bord du bâtiment naufragé. Les effets, habits, linge, literie, furent transportés dans le canot. D’ailleurs l’épave ne devait pas tarder à se disloquer entièrement. Le plancher du carré, rongé par l’eau, cédait sous le pied. Au premier mauvais temps, il ne flotterait plus que d’informes débris à la surface de la mer.

Le brick était en panne par le travers de l’épave, et le courant commençait à l’éloigner. La brise fraîchissait, la houle s’accentuait, et il convenait de revenir à bord. À plusieurs reprises, le porte-voix du maître d’équipage se fit entendre, hélant les gens de l’embarcation.

« On nous commande de rentrer, dit Nat Gibson, et puisque nous avons pris tout ce qu’il y avait à prendre…

— Allons…, répondit Karl Kip.

— Pauvre Wilhelmina ! » murmura Pieter Kip.

Tous deux ne cherchaient point à cacher l’émotion qu’ils éprouvaient !… S’ils avaient espéré retrouver une partie de ce qu’ils possédaient, il leur fallait maintenant renoncer à cet espoir !

Le canot largua son amarre. Ce fut Nat Gibson qui se mit au gouvernail, tandis que Karl et Pieter Kip, tournés vers l’arrière, regardaient encore les restes de la Wilhelmina.

Dès que l’embarcation eut été rehissée à son poste, le brick éventa ses voiles, et, sous l’allure du largue, servi par une belle brise, gagna rapidement en direction du nord-ouest.

Pendant cinq jours, la navigation ne présenta aucun incident, et, dès la matinée du 14, la vigie signalait les premières hauteurs de la Nouvelle-Guinée.