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LES FRÈRES KIP

— Est-ce que le commerce a gagné plus d’extension depuis le traité ?…

— Assurément ; monsieur Kip, et je crois qu’il se développera encore… La race teutonne émigre volontiers dans l’espoir de faire fortune.

— Et qu’exporte surtout l’archipel ?…

— De la nacre, qui est abondante, et, comme on trouve en quantité sur ces îles les plus beaux cocotiers du monde, ainsi que vous pourrez en juger, elles fournissent des cargaisons de ce coprah[1], dont nous devons embarquer précisément trois cents tonnes à Port-Praslin.

— Et comment, demanda Karl Kip, l’Allemagne a-t-elle établi sa domination sur cet archipel ?…

— Tout simplement, répondit M. Hawkins, en affermant les différentes îles à une Compagnie commerciale, laquelle détient aussi l’autorité politique. Mais, en réalité, son pouvoir n’est pas très étendu, et son action sur les indigènes est peu considérable. Elle se borne à assurer la sécurité des émigrants et la sûreté des transactions.

— D’ailleurs, comme le dit M. Hawkins, ajouta Nat Gibson, tout porte à croire que la prospérité de l’archipel augmentera. On a pu constater de grands progrès, surtout à Tombara, dont la découverte fut faîte en 1616 par le Hollandais Shouten. C’est un de vos compatriotes, monsieur Kip, qui s’est aventuré le premier à travers ces mers si dangereuses.

— Je le sais, monsieur Nat, répondit Karl Kip. Au surplus, la Hollande a laissé son empreinte dans les parages mélanésiens, et ses marins s’y sont illustrés à plusieurs reprises.

  1. Le coprah, c’est l’amande de la noix de coco, lorsque, concassée et séchée sur le sable à l’ardeur du soleil, elle est prête à être envoyée au moulin pour en extraire l’huile dont on fait du savon.