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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/180

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LES FRÈRES KIP

Enfin, en 1823, Duperrey conduisit son navire à Port-Praslin, dont le levé hydrographique fut fait par ses soins. Il eut des rapports fréquents avec les indigènes que les pirogues amenaient du village de Like-Like, établi sur le revers oriental de la Nouvelle-Irlande.

Dans la matinée du 18, la direction du brick dut être modifiée pendant quelques heures. Le vent, qui soufflait avec la constance habituelle des alizés, vint à refuser presque subitement. Les voiles faséyèrent, battirent contre les mâts, et le James-Cook ne gouverna plus.

Cette modification météorique, un capitaine prudent avait à en tenir compte, et c’est bien ce que fit M. Gibson, qui ne se laisserait pas prendre au dépourvu.

Or, à ce moment même, Karl Kip, observant l’horizon, lui montra un nuage à l’ouest, une sorte de ballon de vapeurs, aux flancs arrondis, dont la marche devait être rapide, car il grossissait à vue d’œil.

« Un grain noir va tomber à bord…, dit M. Gibson.

— Il ne sera sans doute pas de longue durée…, répondit Karl Kip.

— Non, mais il peut être de grande violence », ajouta le capitaine.

Et, sur son ordre, l’équipage mit aussitôt la main à la manœuvre. Cacatois, perroquets, bonnettes, voiles délai, furent amenés en une minute. On cargua la misaine, la grande voile et la brigantine. Le James-Cook resta sous ses huniers au bas ris, sa trinquette et son second foc.

Il était temps. À peine le brick se trouvait-il sous cette voilure réduite, que le grain se déchaîna avec une extraordinaire impétuosité.

Tandis que les matelots se tenaient à leur poste, le capitaine