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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/221

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TROIS SEMAINES DANS L’ARCHIPEL.

— Rien, monsieur Gibson, rien…, répondit le maître d’équipage. Je suis un peu fatigué, voilà tout. »

Et ses regards, se détournant du capitaine, se reportèrent sur Vin Mod, qui l’observait.

Vers cinq heures, M. Hawkins, Nat Gibson, M. Zieger se trouvaient à l’habitation de M. Hamburg, où le dîner allait être servi à six heures et demie. Le capitaine, retenu à bord pour ses dernières formalités, n’arriverait guère qu’à ce moment-là. Il devait apporter une somme de deux mille piastres en or, règlement de la cargaison maintenant rangée dans la cale du James-Cook.

En l’attendant, les invités du gouverneur visitèrent la propriété, entretenue avec soin et l’une des plus belles de Kerawara. Nat Gibson prit quelques vues photographiques de l’habitation et des alentours de la terrasse. Le regard, passant au-dessus des massifs d’arbres, s’étendait jusqu’au large. Ils voyaient se détacher vers le nord-ouest l’extrême promontoire du grand îlot d’Ulu, vers l’ouest l’extrême pointe du petit îlot Kabokon, au delà duquel le soleil se coucha sous un horizon magnifiquement empourpré de nuages à la limite du ciel et de la mer.

Lorsque sonna la demie de six heures, le capitaine n’avait pas paru.

M. Hamburg et ses hôtes restèrent dans le jardin en guettant son arrivée. La soirée était superbe, l’atmosphère quelque peu rafraîchie par le vent qui se levait aux approches de la nuit. On respirait délicieusement cet air embaume du parfum des orangers.

Cependant le temps s’écoulait. À sept heures M. Gibson n’avait pas encore été signalé.

« Mon père aura été retenu au dernier moment…, dit Nat Gibson. Je ne peux m’expliquer autrement ce retard…

— Est-ce qu’il ne devait pas aller à vos bureaux, monsieur Hamburg ?… demanda l’armateur.

— En effet, mais uniquement pour prendre ses papiers.