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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/234

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LES FRÈRES KIP

M. Hamburg prononça quelques paroles en souvenir du capitaine Gibson.

La douleur de Nat faisait pitié, M. Hawkins pouvait à peine le soutenir. Une dernière fois, le jeune homme voulut se jeter sur le cercueil de son père. Puis la bière fut descendue dans la fosse, sur laquelle M. Hamburg fit placer une croix de bois avec cette inscription :

au capitaine harry gibson
d’Hobart-Town,
Assassiné le 2 décembre 1885,
Son fils, ses amis, son équipage, et la population de Kerawara.
dieu reçoive son âme !

Les recherches auxquelles s’était livré M. Hamburg n’avaient point donné de résultat. Le crime accompli, les meurtriers s’étaient sans doute hâtes de quitter Kerawara pour se réfugier chez les tribus du Neu-Lauenburg. Dans ces conditions, comment espérer jamais les découvrir, puisque les pirogues indigènes circulaient jour et nuit entre l’îlot et l’île ?… Retrouverait-on larme qui avait servi à l’assassinat et celui à qui elle appartenait ?… Seul le hasard pouvait intervenir en cette affaire, et interviendrait-il ?…

Le brick ne prolongea pas son séjour a Kerawara. Le matin même où se répandit la nouvelle du meurtre, il était prêt à prendre la mer pour revenir à Port-Praslin.

Aussi, d’accord avec M. Zieger, M. Hawkins fit-il venir le maître d’équipage dans le carré, et il lui dit :

« Flig Balt, le James-Cook a perdu son capitaine…

— Et c’est un grand malheur, répondit Flig Balt, dont la voix tremblait d’une émotion qui n’était pas celle de la douleur.

— Je sais, poursuivit M, Hawkins, combien mon malheureux ami avait confiance en vous… et, cette confiance, je suis disposé à vous la continuer. »