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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/274

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LES FRÈRES KIP

fils. Nat Gibson n’eût point consenti à abandonner sa mère, seule dans cette maison où le veuvage venait de créer un si grand vide. Toute l’amitié, tout le dévouement de M. et Mme Hawkins, n’auraient pu suffire à Mme Gibson. Il fallait que son fils demeurât près d’elle, qu’elle se reprit à ses soins, à ses tendresses. L’armateur fut le premier à le comprendre. Il s’entendrait avec M. Balfour, il lui trouverait un autre associé, et Nat Gibson le seconderait au comptoir d’Hobart-Town.

« Nat, lui dit-il, en l’attirant sur son cœur, je t’ai toujours considéré comme mon enfant, et, maintenant, je veux que tu le sois plus encore qu’autrefois !… Non… je n’oublierai jamais mon malheureux ami…

— Mon père… mon pauvre père !… murmura le jeune homme. Et ne pas connaître ceux qui l’ont tué !… »

Dans sa douleur, à travers ses sanglots, dominait cette soif de vengeance qu’il n’avait pu assouvir.

« Les misérables ! ajouta-t-il, on ne saura donc pas un jour qui ils sont… et cet abominable assassinat ne sera donc pas vengé !…

— Attendons le prochain courrier de Port-Praslin, répondit M. Hawkins. Peut-être l’enquête de MM. Hamburg et Zieger procurera-t-elle quelque résultat sérieux !… Peut-être ont-ils recueilli de nouveaux indices !… Non, je ne puis croire que ce crime demeure impuni…

— Et si les meurtriers sont retrouvés, s’écria Nat Gibson, j’irai là-bas… oui ! j’irai… et je… »

Il ne put achever, tant sa voix tremblait de colère.

Cependant, avant que cet attentat fût jugé, s’il devait l’être, un autre procès allait se dérouler devant le Conseil maritime, — le procès des révoltés du James-Cook.

Karl Kip, en sa qualité de capitaine du brick, avait déposé son rapport entre les mains des autorités. Flig Balt, comme chef, Len