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III

dernière manœuvre.


La satisfaction de M. Hawkins fut complète, lorsqu’il reçut le lendemain la visite de Karl et de Pieter Kip. Il était heureux que son intervention près de la maison Arnemniden eût réussi. Cela ne méritait pas tant de remerciements… Tout son crédit, toute son influence, il les mettait au service des deux frères… N’était-il pas leur obligé ?… Enfin, l’excellent homme félicita Karl Kip d’avoir été nommé second du Skydnam, et aussi chaudement que s’il n’eût pas été pour quelque chose dans cette nomination.

Nat Gibson, qui se trouvait à ce moment chez M. Hawkins, ne put que joindre ses félicitations à celles de l’armateur. Il avait déjà la position d’associé dans la maison de commerce. Mais la préoccupation des affaires, son travail très assidu, ne parvenaient pas à le détourner des tristes souvenirs du passé. L’image de son père était toujours devant ses yeux, et il ne rentrait chez lui que pour mêler ses larmes aux larmes de sa mère. À ce chagrin s’ajoutait encore l’insurmontable horreur à l’égard de meurtriers que l’on ne connaissait pas et qui probablement ne seraient jamais ni atteints ni châtiés.

Ce jour-là même, Karl Kip, accompagné de son frère, vint prendre les fonctions de second à bord du Skydnam, où le capitaine Fork leur réserva le meilleur accueil.

Le Skydnam, un steamer de douze cents tonneaux et de six cents chevaux, faisait des voyages réguliers entre Hambourg et