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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/397

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ENSEMBLE.

— Monsieur Hawkins, répondit Pieter Kip, nous vous remercions, et c’est un bienfait ajouté à tant d’autres !

— Je désirais donc vous apprendre, poursuivit l’armateur, que cette liquidation s’est faite dans des conditions plus avantageuses qu’on ne l’espérait… Les cours étaient en hausse, et les marchandises ont trouvé preneur à de hauts prix… Il s’en est suivi que le bilan présente une balance de compte à votre profit. »

La plus vive satisfaction se peignit sur la pâle figure de Pieter Kip. Au milieu des tourments qui l’accablaient dans cette abominable existence du bagne, que de fois il songeait à ses affaires en souffrance, à sa maison de commerce réduite à la faillite, à cette nouvelle honte qui atteindrait le nom de leur père !… Et voici que M. Hawkins venait lui apprendre qu’une liquidation avait réglé heureusement leurs intérêts.

Karl Kip dit alors :

« Monsieur Hawkins, nous ne savons comment vous témoigner notre reconnaissance !… Après tout ce que vous aviez déjà fait pour nous, après l’estime que vous nous aviez montrée, dont nous étions dignes, dont nous sommes dignes encore, je le jure !… grâce à vous, l’honneur de notre maison est sauvé !… Et ce n’est pas nous qui l’aurons voué à l’infamie… Non… nous sommes innocents du crime pour lequel nous avons été condamnés !… Nous ne sommes pas les assassins du capitaine Gibson ! »

Et, comme ils l’avaient fait devant la Cour, les deux frères, se tenant la main, attestaient le Ciel.

M. Skirtle les observait avec attention, avec émotion, et il se sentait pénétré par la dignité de leur attitude, par l’accent de sincérité dont leur voix était empreinte.

Et alors, M. Hawkins de s’abandonner, incapable de retenir tout ce qu’il avait sur le cœur… et il le fit avec une chaleur communicative. Non ! il ne croyait pas à la culpabilité des frères Kip… il