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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/446

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LES FRÈRES KIP

Puis, parfois, ils reprenaient confiance. Sans se risquer au dehors, ils pouvaient embrasser du regard une vaste étendue de la baie, guetter les navires qui passaient au large. Quelques voiliers se montraient, depuis que le vent avait halé le nord à l’état de petite brise. Plusieurs rentraient en louvoyant, après avoir doublé le cap Pillar. Farnham, suivant la première communication de Walter, savait que le bâtiment américain, arrivé en rade d’Hobart-Town, était le steamer Illinois. C’était donc une fumée que ses compagnons et lui cherchaient à l’horizon, une fumée qui se rabattrait vers le sud, une fumée qui annoncerait l’approche du navire attendu au milieu de tels périls !…

Et, cependant, il était trop tôt encore. On ne compte qu’une vingtaine de milles entre Hobart-Town et la pointe Saint-James. Il suffirait que l’Illinois quittât la rade vers six heures du soir. Il ne serait pas assez imprudent pour s’approcher de la pointe, tant que la nuit ne lui permettrait pas d’y envoyer son canot pour recueillir les fugitifs.

« Mais, à bord, sait-on si nous avons pu nous échapper ?… demanda Macarthy.

— N’en doutez pas, répondit Farnham. Voici déjà vingt-six heures que nous sommes à l’endroit convenu, et, depuis ce matin, la nouvelle de l’évasion aura été transmise à Hobart-Town… Le gouverneur a dû en être avisé par dépêche, et, d’ailleurs, à mon avis, Walter se sera hâté de rejoindre l’Illinois. Si le steamer n’a pu partir hier à cause du mauvais temps, il ne tardera pas à faire route vers la presqu’île…

— Il est déjà cinq heures, observa O’Brien, et, dans une heure et demie, l’obscurité rendra difficile de distinguer la pointe Saint-James… Comment le capitaine de l’Illinois pourra-t-il y envoyer une embarcation ?…

— Je ne doute pas, répliqua Farnham, qu’il n’ait pris ses mesures