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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/461

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SUITES DE L’AFFAIRE.

se fera jour, et les véritables meurtriers seront punis… ! »

Toutefois, si Mme Gibson subissait l’influence de Mme Hawkins, son fils, obstinément convaincu, croyait à la culpabilité des frères Kip. Quelque déférence qu’il eût pour l’armateur, pour la sûreté habituelle de son jugement, il n’avait jamais voulu se rendre à ses raisons, — raisons toutes morales d’ailleurs. Nat Gibson s’en tenait aux faits matériels relevés par l’enquête, établis par l’instruction, d’accord avec la presque unanimité de la population d’Hobart-Town.

Aussi, lorsque M. Hawkins lui parlait des soupçons dont Flig Balt et Vin Mod étaient l’objet de sa part, il se bornait à répondre :

« Monsieur Hawkins, les papiers et l’argent de mon père, l’arme qui a servi à le frapper, ont été retrouvés dans la valise et dans la chambre des deux frères… Il faudrait donc prouver que Flig Balt ou Vin Mod ont pu les y mettre, et cela ne se prouvera pas…

— Qui sait, mon pauvre Nat, répondait M. Hawkins, qui sait ?… »

Oui… qui sait ? car c’était bien ainsi que les choses s’étaient passées. Mais Vin Mod avait agi avec tant d’adresse qu’il eût été impossible de constater sa présence à l’auberge du Great-Old-Man.

En effet, lorsque M. Hawkins, à plusieurs reprises, interrogea l’hôtelier à cet égard, il n’obtint aucun résultat. Cet homme ne se rappelait même pas si, à l’époque où les frères Kip demeuraient dans sa maison, la chambre voisine de la leur avait été occupée. En tout cas, Vin Mod n’était jamais venu dans son auberge, et personne n’aurait pu affirmer l’y avoir vu.

Telle était donc la disposition des esprits, telles étaient les démarches que poursuivait M. Hawkins en vue de provoquer la révision du procès et avec une ténacité que plus d’un prenait pour de la monomanie.

Or, dans la matinée du 7 mai, une nouvelle très inattendue se répandit à travers la ville.