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SUITES DE L’AFFAIRE.

— Ceux-ci… ceux-ci, s’écria M. Hawkins dans une agitation extraordinaire, oui !… je les comprends… je comprends qu’ils aient voulu recouvrer leur liberté… Je comprends que des amis leur soient venus en aide… qu’on ait préparé leur fuite… je l’approuve même…

— Que dites-vous là, mon cher Hawkins ?… Oubliez-vous qu’il s’agit d’ennemis de l’Angleterre…

— C’est vrai… c’est vrai… et je ne devrais pas parler ainsi en votre présence, monsieur le Gouverneur. Mais enfin, ces fenians, ces condamnés politiques, n’avaient aucune grâce à attendre !… C’était pour la vie qu’ils étaient enfermés à Port-Arthur, tandis que Karl et Pieter Kip… Non ! je ne puis croire qu’ils se soient associés à cette évasion !… Qui sait si ce n’est pas une fausse nouvelle ?…

— Non, répondit le gouverneur, et le fait n’est que trop certain…

— Et pourtant, reprit M. Hawkins, Karl et Pieter Kip connaissaient les démarches que l’on faisait pour obtenir la révision !… Ils savaient que Votre Excellence s’intéressait à eux… que leur affaire, je l’avais faite mienne…

— Sans doute, mon cher Hawkins, mais ils ont dû penser que vous ne réussiriez pas, et, une occasion de s’enfuir s’étant présentée…

— Il faudrait donc admettre, dit alors M. Hawkins, que ces fenians ne les considéraient pas, eux non plus, comme des criminels. Ils n’auraient jamais consenti à prêter la main aux meurtriers du capitaine Gibson… ni le commandant du navire américain à recevoir des assassins à son bord !…

— Je ne sais trop comment expliquer cela !… répondit Son Excellence. Peut-être l’apprendra-t-on plus tard… Ce qui n’est pas douteux, c’est que les frères Kip se sont enfuis de Port-Arthur… et