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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/469

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SUITES DE L’AFFAIRE.

M. Zieger, très ému de cette affirmation, pressa plus vivement M. Hawkins. Ses soupçons s’étayaient-ils de quelques preuves matérielles ?… Ne reposaient-ils pas que sur des présomptions, dont rien ne permettait d’établir la réalité ?… Il faudrait donc admettre que le maître d’équipage, aidé de Vin Mod, résolu à faire disparaître le capitaine Gibson, eût de longue date préparé cette machination qui faisait retomber le crime sur la tête des frères Kip ?…

Et, cependant, si Flig Balt avait eu à exercer quelque vengeance contre eux, ce ne devait être qu’après la nomination de Karl Kip comme capitaine, ou lorsque Karl eut comprimé la révolte suscitée par lui…

Ce raisonnement d’une indiscutable valeur s’était certainement présenté à l’esprit de M. Hawkins. Mais, intraitable dans son indéracinable conviction, il l’avait repoussé et le repoussait encore.

« Mon cher Zieger, répondit-il, lorsque Flig Balt et Vin Mod ont eu la pensée du crime, ils étaient déjà possesseurs du poignard qui appartenait aux frères Kip… C’est alors que l’idée leur est venue de s’en servir afin que ces malheureux pussent être accusés plus tard d’avoir assassiné le capitaine Gibson… À vous, cela ne paraît qu’hypothétique… Pour moi, cela est certain… »

Et, en somme, l’explication que donnait M. Hawkins, c’était la vraie.

« Par malheur, ajouta-t-il, Flig Balt et Vin Mod ont quitté Hobart-Town depuis près d’un an… Je n’ai pas eu le temps de les surveiller, de me procurer contre eux des preuves accablantes qui eussent déjà amené la révision du procès… Il m’a même été impossible de savoir ce qu’ils sont devenus…

— Mais, je le sais, moi, je le sais !… répondit M. Zieger.

— Vous le savez ?… s’écria M. Hawkins, qui saisit les mains de son ami.