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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/471

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SUITES DE L’AFFAIRE.

C’était le 30 mai — environ trois semaines après son départ de Storm-Bay — qu’il venait de débarquer O’Brien, Macarthy, Farnham, auxquels leurs frères politiques réservaient le plus chaleureux, le plus enthousiaste accueil sur cette terre de liberté. Les journaux célébrèrent à grand fracas le succès de cette évasion, tout à l’honneur de ceux qui l’avaient préparée, comme une revanche du fenianisme.

En même temps, on apprenait que les deux Hollandais, Karl et Pieter Kip, avaient disparu dès le débarquement.

Étaient-ils restés cachés à San Francisco pour éviter de tomber entre les mains de la police américaine ?… N’avaient-ils pas plutôt gagné l’intérieur des États-Unis ?… Comment le savoir ?… Et, à présent, lorsque interviendrait la demande d’extradition, il serait trop tard.

Cette information eut pour effet de confirmer dans leur opinion les accusateurs des frères Kip, et pour résultat de mettre un terme aux doutes que pouvait avoir jusqu’alors soulevés cette affaire. M. Hawkins, lui-même, tout en gardant des convictions que rien ne saurait ébranler, ralentit ses démarches. À quoi bon une révision, puisque les frères Kip, évadés du pénitencier de Port-Arthur, s’étaient réfugiés en Amérique, d’où probablement ils ne reviendraient jamais ?…

On allait donc cesser de s’occuper du drame de Kerawara, lorsque, dans la matinée du 25 juin, une nouvelle, à laquelle, tout d’abord, personne ne voulut accorder croyance, se répandit par la ville.

Karl et Pieter Kip, arrivés la veille, venaient d’être arrêtés et incarcérés dans la prison d’Hobart-Town.