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les frères kip.

à la mer, M. Gibson préférait, non sans raison, que la pointe se fût dégagée des brumes. C’était là que le feu avait été allumé, c’était là que, se montreraient les abandonnés qui réclamaient l’assistance du James-Cook. Évidemment, ils ne possédaient pas même une pirogue, car ils seraient déjà venus à bord.

La brise du sud-est commençait à s’établir. Quelques nuages, allongés sur la ligne du ciel et de l’eau, indiquaient que le vent fraîchirait dans la matinée. Sans le motif qui le retenait sur son ancre, M. Gibson eût donné des ordres pour l’appareillage.

Un peu avant sept heures, le pied du banc corallienne, le long duquel écumait un ressac blanchâtre, se dessina sous la brume. Les volutes de vapeurs roulèrent les unes après les autres, et la pointe apparut.

Nat Gibson, monté sur le rouf, sa longue vue aux yeux, la promenait vers la côte. Il fut le premier à s’écrier :

« Il est là… ou plutôt… ils sont là !…

— Plusieurs hommes ?… demanda l’armateur.

— Deux, monsieur Hawkins. »

Celui-ci prit la longue-vue à son tour :

— Oui, s’écria-t-il, et ils nous font des signaux… en agitant un morceau de toile au bout d’un bâton ! »