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les frères kip.

libres. Des reconnaissances s’opéraient, des propos grossiers s’échangeaient avec poignées de main à briser les os. Des camarades se revoyaient après une longue bordée à travers les gisements de l’Otago. Parfois aussi, c’étaient des mots malsonnants, des plaisanteries grossières, des injures, des provocations qui fusaient d’une table à l’autre. Vraisemblablement la soirée ne se terminerait pas sans quelque rixe personnelle, qui dégénérerait en bataille générale. Cela n’aurait rien de très nouveau, d’ailleurs, pour le patron et les habitués des Three-Magpies.

Flig Balt et Vin Mod ne cessaient d’observer curieusement tout ce monde avant de prendre langue, suivant les circonstances.

« En somme, de quoi s’agit-il ?… dit le matelot, accoudé de manière à se rapprocher du maître d’équipage. Il s’agit de remplacer par quatre hommes les quatre qui nous ont lâchés… Eh bien, ceux-là, il ne faut pas les regretter… ils ne nous auraient pas suivis !… Je vous le répète, nous trouverons ici notre affaire… Et que le chanvre m’étrangle s’il est un de ces lascars qui répugne à s’emparer d’un bon navire, à courir le Pacifique au lieu de revenir à Hobart-Town… car cela tient toujours ?…

— Cela tient, répondit Flig Balt.