Page:Verne - Les Frères Kip (partie 1).djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

261
trois semaines dans l’archipel.

mandes, maintenant répandues dans le pays, les étoffes rayées habillaient les hommes et aussi les femmes. Cette décence doit être considérée comme un commencement des réformes civilisatrices.

M. Zieger put donner des renseignements précis et précieux sur les habitudes de ces indigènes, dont les sens de la vue, de l’odorat et de l’ouïe sont extraordinairement développés. Aussi se montrent-ils d’une adresse et d’une souplesse incomparables à tous les exercices du corps. Mais, pour se livrer à un travail quelconque, il faut qu’ils y soient excités par le besoin, la nécessité de se nourrir. De caractère indolent, ils aiment le repos par-dessus tout. Dans ce village, la plupart des habitants étaient étendus en dehors de leurs cases, s’abandonnant à une complète nonchalance, les jambes croisées l’une sur l’autre, les mains ramenées à la poitrine, regardant mais ne parlant guère, ils mâchaient sans cesse le bétel, comme les Orientaux fument de l’opium, comme les Occidentaux fument le tabac.

Ce bétel est composé de chaux obtenue par la calcination des madrépores, et d’un fruit à épiderme rouge dont le nom mélanésien est « kamban ». C’est un sialagogue d’une extrême énergie, dont les substances très