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les frères kip.

brick commença son abattée, non sans éprouver de rudes secousses. Les mâts jouaient, les haubans et galhaubans menaçaient de se rompre. À deux reprises on put craindre de manquer l’évolution. Elle s’acheva enfin, et le James-Cook, sous son tourmentin à l’arrière, son petit hunier au bas ris, prit la fuite, cap, au nord-est.

Pendant une demi-heure environ, la navigation se poursuivit dans des conditions à peu près normales. La seule difficulté, c’était d’empêcher le brick d’embarder sur tribord et sur bâbord. Il gouvernait à peine au milieu de ces lames qui couraient aussi vite que lui. À chaque instant il risquait d’être devancé, de venir en travers. Sa situation eût été des plus critiques, car il aurait été exposé aux dangereux coups de mer par le flanc.

Et, pourtant, impossibilité absolue d’augmenter la voilure. Un des focs que Flig Balt fit hisser afin de rendre la barre plus sensible et plus efficace, fut mis en lambeaux. Le hunier détonnait à se déchirer. Il y eut lieu de se demander s’il ne faudrait pas fuir à sec de toile. Et autant dire qu’un navire est alors comme désemparé, incapable de suivre aucune direction, qu’il est devenu le jouet des lames.

Un peu après minuit, le plus ignorant ma-