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à travers la louisiade.

devait être un capitan, un chef de tribu. Âgé d’une cinquantaine d’années, à peu près nu, il n’avait pour tout vêtement qu’une peau de kangourou autour des reins, un pagne d’écorce sur les épaules.

Comme M. Hawkins n’avait pu retenir un geste admiratif à la vue de l’oiseau, ce fut à lui que l’indigène s’adressa tout d’abord. Après avoir élevé le paradisier à la hauteur de sa tête, il le balança et le retourna pour le montrer sous toutes ses faces.

M. Hawkins, très décidé à faire l’acquisition de ce magnifique manucode, se demandait ce qu’il pourrait donner en échange. Très probablement le Papoua ne serait point sensible à l’offre d’une piastre dont il ne connaissait sans doute pas la valeur.

Celui-ci l’eut bientôt tiré d’embarras, en répétant, la bouche grande ouverte :

« Wobba… wobba ! »

Ce mot, M. Gibson le traduisit par : À boire ! à boire !… et il fit monter de la cambuse une bouteille de wisky.

Le capitan la prit, s’assura qu’elle était pleine du liquide blanchâtre qu’il connaissait bien, et, sans la déboucher, il la mit sous son bras. Puis, le voici qui arpente le pont du brick de l’avant à l’arrière, regardant moins l’acastillage et les agrès que les matelots, les