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une dernière menace.

Starr aussi bien que par Simon Ford et Madge. Chacun comptait les jours.

La vérité est que chacun était sous le coup des plus sinistres pressentiments. Cet ennemi caché, qu’on ne savait où prendre et comment combattre, on se disait tout bas que rien de ce qui concernait Nell ne lui était sans doute indifférent. Cet acte solennel du mariage d’Harry et de la jeune fille pouvait donc être l’occasion de quelque machination nouvelle de sa haine.

Un matin, huit jours avant l’époque convenue pour la cérémonie, Nell, poussée sans doute par quelque sinistre pressentiment, était parvenue à sortir la première du cottage, dont elle voulait observer les abords.

Arrivée au seuil, un cri d’indicible angoisse s’échappa de sa bouche.

Ce cri retentit dans toute l’habitation, et attira en un instant Madge, Simon et Harry près de la jeune fille.

Nell était pâle comme la mort, le visage bouleversé, les traits empreints d’une épouvante inexprimable. Hors d’état de parler, son regard était fixé sur la porte du cottage, qu’elle venait d’ouvrir. Sa main crispée y désignait ces lignes, qui avaient été tracées pendant la nuit et dont la vue la terrifiait :


« Simon Ford, tu m’as volé le dernier filon de nos vieilles houillères ! Harry, ton fils, m’a volé Nell ! Malheur à vous ! malheur à tous ! malheur à la Nouvelle-Aberfoyle ! »

« Silfax. »


« Silfax ! s’écrièrent à la fois Simon Ford et Madge.

— Quel est cet homme ? demanda Harry, dont le regard se portait alternativement de son père à la jeune fille.

— Silfax ! répétait Nell avec désespoir, Silfax ! »

Et tout son être frémissait en murmurant ce nom, pendant que Madge, s’emparant d’elle, la reconduisait presque de force à sa chambre.

James Starr était accouru. Après avoir lu et relu la phrase menaçante :

« La main qui a tracé ces lignes, dit-il, est celle qui m’avait écrit la lettre contradictoire de la vôtre, Simon ! Cet homme se nomme Silfax ! Je vois à votre trouble que vous le connaissez ! Quel est ce Silfax ? »