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les indes-noires.

développait le vieil overman, et, n’eût été son impérieux désir d’être au lendemain, jamais il n’aurait mieux dormi que dans ce calme absolu du cottage.

Le lendemain, après un déjeuner substantiel, James Starr, Simon Ford, Harry et Madge elle-même reprenaient le chemin déjà parcouru la veille. Tous allaient là en véritables mineurs. Ils emportaient divers outils et des cartouches de dynamite, destinées à faire sauter la paroi terminale. Harry, en même temps qu’un puissant fanal, prit une grosse lampe de sûreté qui pouvait brûler pendant douze heures. C’était plus qu’il ne fallait pour opérer le voyage d’aller et de retour, en y comprenant les haltes nécessaires à l’exploration, — si une exploration devenait possible.

« À l’œuvre ! » s’écria Simon, lorsque ses compagnons et lui furent arrivés à l’extrémité de la galerie.

Et sa main saisit une lourde pince qu’elle brandit avec vigueur.

« Un instant, dit alors James Starr. Observons si aucun changement ne s’est produit et si le grisou fuse toujours à travers les feuillets de la paroi.

— Vous avez raison, monsieur Starr, répondit Harry. Ce qui était bouché hier pourrait bien l’être encore aujourd’hui ! »

Madge, assise sur une roche, observait attentivement l’excavation et la muraille qu’il s’agissait d’éventrer.

Il fut constaté que les choses étaient telles qu’on les avait laissées. Les fissures des feuillets n’avaient subi aucune altération. L’hydrogène protocarboné fusait au travers, mais assez faiblement. Cela tenait sans doute à ce que, depuis la veille, il trouvait un libre passage pour s’épancher. Toutefois, cette émission était si peu importante, qu’elle ne pouvait former avec l’air intérieur un mélange détonant. James Starr et ses compagnons allaient donc pouvoir procéder en toute sécurité. D’ailleurs, cet air se purifierait peu à peu, en gagnant les hautes couches de la fosse Dochart, et le grisou, perdu dans toute cette atmosphère, ne pourrait plus produire aucune explosion.

« À l’œuvre, donc ! » reprit Simon Ford.

Et bientôt, sous sa pince, vigoureusement maniée, la roche ne tarda pas à voler en éclats.

Cette faille se composait principalement de poudingues, interposés entre le grès et le schiste, tels qu’il s’en rencontre le plus souvent à l’affleurement des filons carbonifères.

James Starr ramassait les morceaux que l’outil abattait, et il les examinait avec soin, espérant y découvrir quelque indice de charbon.