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les tribulations d’un chinois en chine

ques signes qu’une main y avait gravés. Il s’approcha et lut ces trois lettres :

W. K.-F.

Wang ! Kin-Fo ! Il n’y avait pas à douter que le philosophe n’eût récemment passé là !

Kin-Fo, sans rien dire, regarda, chercha… Personne.

Le soir, Kin-Fo, Craig, Fry, Soun, qui se traînait, rentraient à l’hôtel, et, le lendemain matin, ils avaient quitté Nan-King.




CHAPITRE XII

dans lequel kin-fo, ses deux acolytes et son valet s’en vont à l’aventure.

Quel est ce voyageur que l’on voit courant sur les grandes routes fluviales ou carrossables, sur les canaux et les rivières du Céleste Empire ? Il va, il va toujours, ne sachant pas la veille où il sera le lendemain. Il traverse les villes sans les voir, il ne descend dans les hôtels ou les auberges que pour y dormir quelques heures, il ne s’arrête aux restaurations que pour y prendre de rapides repas. L’argent ne lui tient pas à la main ; il le prodigue, il le jette pour activer sa marche.

Ce n’est point un négociant qui s’occupe d’affaires. Ce n’est point un mandarin que le ministre a chargé de quelque importante et pressante mission. Ce n’est point un artiste en quête des beautés de la nature. Ce n’est point un lettré, un savant, que son goût entraîne à la recherche des antiques documents, enfermés dans les bonzeries ou les lamaneries de la vieille Chine. Ce n’est ni un étudiant qui se rend à la pagode des Examens pour y conquérir ses grades universitaires, ni un prêtre de Bouddha courant la campagne pour inspecter les petits autels champêtres, érigés entre les racines du banyan sacré, ni un pèlerin qui va accomplir quelque vœu à l’une des cinq montagnes saintes du Céleste Empire.

C’est le faux Ki-Nan, accompagné de Fry-Craig, toujours dispos, suivi de