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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

terre dans cette direction. Aussi reprit-il la route du nord pour achever, par la rive occidentale, le périple de la Nouvelle-Zélande.

Presque à l’extrémité méridionale de cette côte, on découvrit une baie à laquelle fut donné le nom de Dusky. Cette région était stérile, escarpée, couverte de neige. Mesurant à son entrée trois ou quatre milles, la baie Dusky, qui semblait être aussi profonde que large, renfermait plusieurs îles, derrière lesquelles un navire aurait trouvé, sans doute, un excellent abri. Mais Cook crut prudent de ne pas s’y arrêter, sachant que le vent nécessaire pour sortir ne souffle qu’une fois par mois dans ces parages. Il ne fut pas d’accord, en cette circonstance, avec plusieurs de ses officiers, qui, ne considérant que l’avantage présent, ne songeaient pas aux inconvénients d’une relâche dont on ne pouvait prévoir la durée.

Aucun incident ne marqua la reconnaissance du rivage occidental de Tawai-Pounamou.

« Depuis la baie Dusky, dit Cook, jusqu’à 44° 20’ de latitude, il y a une chaîne étroite de collines qui s’élèvent directement de la mer et qui sont couvertes de forêts. Derrière et tout près de ces collines, on voit des montagnes qui forment une autre chaîne d’une élévation prodigieuse et qui est composée de rochers entièrement stériles et dépouillés, excepté dans les endroits où ils sont couverts de neige, qu’on aperçoit sur la plupart en grandes masses.... Il n’est pas possible d’imaginer une perspective plus sauvage, plus brute et plus effrayante que celle de ce pays, lorsqu’on le contemple de la mer, car, dans toute la portée de la vue, on n’aperçoit rien que les sommets des rochers, qui sont si près les uns des autres, qu’au lieu de vallées, il n’y a que des fissures entre eux. « 

De 44° 20’ jusqu’à 42° 81’, l’aspect change ; les montagnes s’enfoncent dans l’intérieur ; la mer est bordée de collines et de vallées fertiles.

De 42° 8’ jusqu’à 41° 30’, il n’y a qu’une côte, qui surgit verticalement de la mer et que coiffent de sombres forêts. D’ailleurs, l’Endeavour se tint trop loin du rivage, et le temps était trop sombre pour qu’on pût distinguer les particularités du littoral. Après avoir ainsi achevé le tour du pays, le navire regagna l’entrée de la Reine-Charlotte.

Cook fit là provision d’eau et de bois ; puis, il résolut de regagner l’Angleterre, en suivant la route qui lui permettrait de mieux remplir l’objet de son voyage. À son grand regret, car il aurait voulu décider s’il existe ou non un continent austral ; il lui était aussi impossible de rentrer en Europe par le cap Horn que par le cap de Bonne-Espérance. Au milieu de l’hiver, sous une lati-