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PREMIER VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

tude très méridionale, son bâtiment n’était pas en état de mener à bonne fin cette entreprise. Il n’y avait donc pas d’autre parti à prendre que de faire route par les Indes-Orientales, et, dans ce but, de gouverner à l’ouest jusqu’à la côte orientale de la Nouvelle-Hollande.

Mais, avant de raconter les péripéties de cette seconde partie de la campagne, il est bon de jeter un regard en arrière, et de résumer les observations que les voyageurs avaient recueillies sur la situation, les productions et les habitants de la Nouvelle-Zélande.

Dans le volume précédent, on a vu que ce pays avait été découvert par Abel Tasman, et nous avons rapporté les incidents qui en avaient marqué d’un trait de sang la reconnaissance par le capitaine hollandais. Jamais la Nouvelle-Zélande, sauf les côtes vues par Tasman en 1642, n’avait été visitée par un navire européen. Elle était à ce point inconnue, qu’on ne savait si elle ne faisait pas partie du continent austral, ainsi que le croyait Tasman, qui lui avait donné le nom de Terre des États. À Cook appartenait la gloire de déterminer la position et de relever les côtes de ces deux grandes îles, situées entre 34° et 48° de latitude sud et 180° et 194° de longitude ouest.

Tawai-Pounamou était montueuse, stérile, et ne semblait que très peu peuplée. Eaheinomauwe présentait un aspect plus engageant, des collines, des montagnes et des vallées couvertes de bois, arrosées par de gais ruisseaux. D’après les remarques faites par MM. Banks et Solander, sur le climat et le sol, Cook formulait ainsi ses conclusions, que les événements devaient confirmer : « Que, si les Européens formaient un établissement dans ce pays, il leur en coûterait peu de soins et de travaux pour y faire croître, en grande abondance, tout ce dont on a besoin. »

En fait de quadrupèdes, la Nouvelle-Zélande ne nourrissait que des rats et des chiens, ces derniers réservés pour la table. Mais si la faune était pauvre, la flore semblait fort riche. Parmi les végétaux qui frappèrent le plus vivement les Anglais, voici ce que dit la relation :

« Les habitants se servent, en guise de chanvre et de lin, d’une plante qui surpasse toutes celles qu’on emploie aux mêmes usages dans les autres pays.... L’habillement ordinaire des Néo-Zélandais est composé de feuilles de cette plante sans beaucoup de préparations ; ils en fabriquent d’ailleurs leurs cordons, leurs lignes et leurs cordages, qui sont beaucoup plus forts que tous ceux qu’on fait avec du chanvre et auxquels ils ne peuvent être comparés. Ils tirent de la même plante, préparée d’une autre manière, de longues fibres minces, luisantes comme de la soie et aussi blanches que de la neige ; ils manufacturent