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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

jusqu’à trois degrés au nord de celui de Magellan. Nul doute qu’il lui eût fallu un temps bien plus considérable pour traverser les passes sinueuses du détroit de Magellan. Les très-exactes observations astronomiques qu’il fit, de concert avec Green, les instructions qu’il rédigea pour cette navigation dangereuse, ont rendu plus facile la tâche de ses successeurs, et rectifié les cartes de L’Hermite, de Lemaire et de Schouten.

Depuis le 21 janvier, jour où il doubla le cap Horn, jusqu’au 1er mars, sur un espace de six cent soixante lieues de mer, Cook ne remarqua aucun courant sensible. Il découvrit un certain nombre d’îles de l’archipel Dangereux, auxquelles il donna les noms d’îles du Lagon, du Bonnet, de l’Arc, des Groupes, des Oiseaux et de la Chaîne. La plupart étaient habitées, couvertes d’une végétation qui parut luxuriante à des marins habitués depuis trois mois à ne voir que le ciel, l’eau et les rocs glacés de la Terre de Feu. Puis, ce fut l’île Maitea, que Wallis avait appelée Osnabruck, et, le lendemain 11 juin au matin, fut découverte l’île de Taïti.

Deux jours plus tard, l’Endeavour jeta l’ancre dans le port de Matavaï, appelé par Wallis baie de Port-Royal, et où ce capitaine avait dû lutter contre les indigènes, dont il n’avait, d’ailleurs, pas eu de peine à triompher. Cook, connaissant les incidents qui avaient marqué la relâche de son prédécesseur à Taïti, voulut à tout prix éviter le retour des mêmes scènes. De plus, il importait à la réussite de ses observations de n’être troublé par aucune inquiétude, ni distrait par aucune préoccupation. Aussi, son premier soin fut-il de lire à son équipage un règlement, qu’il était défendu d’enfreindre sous les peines les plus sévères.

Cook déclara tout d’abord qu’il chercherait, par tous les moyens en son pouvoir, à gagner l’amitié des naturels ; puis, il désigna ceux qui devaient acheter les provisions nécessaires et défendit à qui que ce fût d’entreprendre aucune espèce d’échange sans une permission spéciale. Enfin, les hommes débarqués ne devaient, sous aucun prétexte, s’éloigner de leur poste, et si un ouvrier ou un soldat se laissait enlever son outil ou son arme, non seulement le prix lui en serait retenu sur la paye, mais il serait puni suivant l’exigence des cas.

De plus, pour garantir les observateurs contre toute attaque, Cook résolut de construire une sorte de fort, dans lequel ils seraient renfermés à portée de canon de l’Endeavour. Il descendit donc à terre avec MM. Banks, Solander et Green, trouva bientôt l’endroit favorable et traça immédiatement devant les indigènes l’enceinte du terrain qu’il entendait occuper. Un de ceux-ci, nommé Owhaw, qui avait eu de bons rapports avec Wallis, se montra particulièrement prodigue