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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

Le 30 octobre, dès qu’il eut achevé ses provisions de bois et d’eau, Cook remit à la voile et continua de suivre la côte vers le nord.

Dans les environs d’une île, à laquelle le capitaine donna le nom de Maire, les naturels se montrèrent plus insolents et plus voleurs encore qu’ils ne l’avaient été jusque-là. Cependant, il fallait s’arrêter cinq ou six jours dans ce canton pour observer le passage de Mercure. Afin de prouver à ces sauvages que les Anglais ne pouvaient être maltraités impunément, on tira à plomb sur un voleur qui venait de dérober une pièce de toile ; mais la décharge, qu’il reçut dans le dos, ne lui fit pas plus d’effet qu’un violent coup de rotin. Mais alors un boulet, qui ricocha à la surface de l’eau et passa plusieurs fois par-dessus les pirogues, frappa les indigènes d’une terreur telle, qu’ils regagnèrent la côte à force de rames.

Le 9 novembre, Cook et Green descendirent à terre pour observer le passage de Mercure. Green observa seul l’immersion, pendant que Cook prenait la hauteur du soleil.

Notre intention n’est pas de suivre jour par jour, heure par heure, les navigateurs anglais dans leur reconnaissance très approfondie de la Nouvelle-Zélande. Les mêmes incidents sans cesse répétés, le récit des mêmes luttes avec les habitants, les descriptions de beautés naturelles, si attrayantes qu’elles soient, ne pourraient longtemps plaire au lecteur. Il vaut donc mieux passer rapidement sur la partie hydrographique du voyage, pour ne nous attacher qu’à la peinture des mœurs des indigènes, aujourd’hui si profondément modifiées.

La baie Mercure est située à la base de la longue péninsule découpée qui, courant de l’est au nord-est, forme l’extrémité septentrionale de la Nouvelle-Zélande. Le 13 novembre, au moment l’Endeavour quitta cette baie, plusieurs canots s’avancèrent à la fois vers le bâtiment.

« Deux d’entre eux, dit la relation, qui portaient environ soixante hommes armés, s’approchèrent à portée de la voix, et les naturels commencèrent à chanter leur chanson de guerre ; mais, voyant qu’on faisait peu d’attention à eux, ils commencèrent à jeter des pierres aux Anglais, et pagayèrent du côté du rivage. Bientôt, ils revinrent à la charge, en apparence résolus à combattre nos voyageurs, et s’animant entre eux par leur chanson. Sans que personne l’y eût excité, Tupia leur adressa quelques reproches et leur dit que les Anglais avaient des armes en état de les foudroyer dans l’instant. Mais ils répondirent en propres termes : « Venez à terre, et nous vous tuerons tous. — À la bonne heure, dit Tupia, mais pourquoi venez-vous nous insulter pendant que nous sommes en mer ? Nous ne désirons pas combattre et nous n’acceptons pas votre défi,