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PREMIER VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

En effet, les premiers colons ont observé chez les indigènes de la Nouvelle-Zélande deux types parfaitement distincts ; l’un, le plus important, rappelait, à ne pouvoir s’y méprendre, les naturels des Havaï, des Marquises, des Tonga, tandis que l’autre offrait la plus grande ressemblance avec la race mélanésienne. Ces informations, recueillies par Freycinet, et plus récemment confirmées par Hochstetter, sont en parfait accord avec ce fait curieux, rapporté par Cook, que Tupia, originaire de Taïti, put se faire comprendre sans difficulté des Néo-Zélandais.

Les migrations des Polynésiens sont aujourd’hui bien connues, grâce aux progrès de la linguistique et de l’anthropologie ; mais elles n’étaient que soupçonnées du temps de Cook, qui fut l’un des premiers à recueillir les légendes relatives à ce sujet.

« Chacun de ces peuples, dit-il, croit par tradition que ses pères vinrent, il y a longtemps, d’un autre pays, et ils pensent tous, d’après cette même tradition, que ce pays s’appelait Heawise. »

Le sol ne nourrissait, à cette époque, aucun autre quadrupède que le chien ; encore avait-il dû être importé. Aussi les Néo-Zélandais n’avaient-ils guère pour subsistance quotidienne que des végétaux et certains volatiles, en petit nombre, qui restèrent inconnus aux Anglais. Heureusement, les côtes étaient excessivement poissonneuses, ce qui permettait aux habitants de ne pas mourir de faim.

Accoutumés à la guerre et regardant tout étranger comme un ennemi, ne voyant peut-être en lui qu’un animal de boucherie, les indigènes étaient tout naturellement portés à attaquer les Anglais. Mais, dès qu’ils eurent été bien convaincus de la faiblesse de leurs moyens et de la puissance de leurs adversaires dès qu’ils se furent rendu compte que l’on évitait, le plus possible, de se servir des engins de mort dont ils avaient vu les terribles effets, ils traitèrent les navigateurs en amis, et se conduisirent toujours avec une loyauté qui n’était pas sans surprendre.

Si les insulaires, que les navigateurs avaient fréquentés jusqu’alors, n’avaient aucune idée de la décence et de la pudeur, il n’en était pas de même des Néo-Zélandais, et Cook en donne plus d’une preuve curieuse. Sans être aussi propres que les habitants de Taïti, dont le climat est beaucoup plus chaud, sans se baigner aussi souvent, cependant, ils avaient soin de leur personne, et faisaient preuve d’une certaine coquetterie. C’est ainsi qu’ils oignaient leur chevelure avec une huile ou graisse de poisson et d’oiseau, qui, devenue rance en peu de temps, les rendait presque aussi désagréables à l’odorat que des Hotten-