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PREMIER VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

au visage hideux, à la langue pendante, aux yeux formés de deux coquillages blancs. Souvent deux pirogues étaient accouplées, et les plus petites portaient seules des balanciers destinés à assurer leur équilibre.

« Comme l’intempérance et le défaut d’exercice sont peut-être l’unique principe des maladies, dit Cook, il ne paraîtra pas surprenant que ces peuples jouissent sans interruption d’une santé parfaite. Toutes les fois que nous sommes allés dans leurs bourgs, les enfants et les vieillards, les hommes et les femmes se rassemblaient autour de nous, excités par la même curiosité qui nous portait à les regarder, nous n’en avons jamais aperçu un seul qui parût affecté de quelque maladie, et, parmi ceux que nous avons vus entièrement nus, nous n’avons jamais remarqué la plus légère éruption sur la peau, ni aucune trace de pustules ou de boutons. »


II

Reconnaissance de la côte orientale de l’Australie. — Observations sur les naturels et les productions de la contrée. — Échouage de l’Endeavour. — Dangers continuels de la navigation. — Traversée du détroit de Torrès. — Les indigènes de la Nouvelle-Guinée. — Retour en Angleterre.

Ce fut le 31 mars 1770 que Cook quitta le cap Farewell et la Nouvelle-Zélande, pour faire route à l’ouest. Le 19 avril, il aperçut une terre qui s’étendait du nord-est à l’ouest par 37° 58′ de latitude sud et 210° 39′ de longitude ouest. C’était, suivant lui, d’après la carte de Tasman, le pays appelé par ce navigateur Terre de Van-Diemen. En tout cas, il ne lui fut pas loisible de vérifier si la partie de la côte qu’il avait devant lui se rattachait à la Tasmanie. En remontant vers le nord, il en nomma tous les accidents : pointe de Hicks, Ram-head, cap Howe, mont Dromadaire, pointe Upright, Pigeon-House, etc.

Cette portion de l’Australie était montagneuse et couverte d’arbres espacés. Quelques fumées indiquaient que le littoral était habité ; mais la population, assez clair-semée, d’ailleurs, n’eut rien de plus pressé que de s’enfuir, aussitôt que les Anglais se préparèrent à débarquer.

Les premiers naturels qui furent aperçus étaient armés de longues piques et d’une pièce de bois dont la forme ressemblait, assez à celle d’un cimeterre. C’était le fameux « boomerang ». arme de jet si terrible dans la main des indigènes, si inoffensive entre celles des Européens.

Le visage de ces sauvages semblait être couvert d’une poudre blanche ; leur corps était zébré de larges raies de la même couleur, qui, passant obliquement