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SECOND VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

Tandis qu’il mettait ce projet à exécution, le vent devint si violent, la mer si agitée, que la navigation, au milieu des glaces flottantes, qui s’entrechoquaient avec un bruit effrayant, devint excessivement périlleuse. Le danger s’accrut encore, lorsqu’on aperçut dans le nord un champ de glace qui s’étendait à perte de vue. Le navire n’allait-il pas être emprisonné pendant de longues semaines, « pincé », pour employer la locution propre aux baleiniers, et ne courait-il pas risque d’être immédiatement écrasé ?

Cook n’essaya de fuir ni à l’ouest ni à l’est. Il s’enfonça droit dans le sud. D’ailleurs, il était par la latitude attribuée au cap de la Circoncision et à soixante-quinze lieues au sud du point où celui-ci avait été relevé. Il était donc prouvé que, si la terre signalée par Bouvet existait réellement, — ce dont on est certain aujourd’hui, — ce ne pouvait être qu’une île peu importante et non pas un grand continent.

Le commandant n’avait plus de raisons pour rester dans les mêmes parages. Par 67° 15’ de latitude sud, une nouvelle barrière de glace, courant de l’est à l’ouest, lui fermait le passage, et il n’y rencontrait aucune ouverture. Enfin, la prudence lui commandait de ne pas demeurer plus longtemps dans cette région, car les deux tiers de l’été étaient écoulés déjà. Il résolut donc de chercher, sans retard, la terre récemment découverte par les Français.

Le 1er  février 1773, les bâtiments étaient par 48° 30’ de latitude et 38° 7’ de longitude ouest, ce qui est presque le méridien attribué à l’île Saint-Maurice. Après une vaine croisière à l’est et à l’ouest, qui ne produisit aucun résultat, on fut amené à conclure que, s’il y avait dans ces parages quelque terre, ce ne pouvait être qu’une très petite île ; autrement, elle n’aurait pas échappé à ses recherches.

Le 8 février, le capitaine constata avec peine que l’Aventure ne voguait plus de conserve avec lui. Pendant deux jours, il l’attendit vainement, faisant tirer le canon à intervalles rapprochés et allumer de grands feux sur le tillac durant toute la nuit. La Résolution dut continuer seule la campagne.

Dans la matinée du 17 février, entre minuit et trois heures, l’équipage fut témoin d’un magnifique spectacle, que jamais jusqu’alors Européen n’avait contemplé. C’était une aurore australe.

« L’officier de quart, dit la relation, observa que, de temps en temps, il en partait des rayons en forme spirale et circulaire, et qu’alors sa clarté augmentait et la faisait paraître extrêmement belle. Elle semblait n’avoir aucune direction ; au contraire, immobile dans les cieux, elle en remplissait de temps en temps l’étendue en versant sa lumière de toutes parts. »

Après une nouvelle tentative pour franchir le cercle arctique, — tentative à la-