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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

plan que celles des îles de la Société, elles sont seulement plus élevées au-dessus du sol.

L’Aventure et la Résolution appareillèrent le 7 octobre, reconnurent le lendemain l’île Pylstart, découverte par Tasman, et jetèrent l’ancre, le 21 du même mois, dans la baie Hawke, à la Nouvelle-Zélande.

Cook débarqua un certain nombre d’animaux, qu’il voulait acclimater dans le pays, et remit à la voile pour entrer dans le canal de la Reine-Charlotte ; mais, assailli par une violente tempête, il fut séparé de l’Aventure et ne la revit plus qu’en Angleterre.

Le 3 novembre, le commandant répara les avaries de son bâtiment, et, avant d’entreprendre une nouvelle campagne dans les mers australes, il voulut se rendre compte de la quantité et de la qualité de son approvisionnement. Il constata que quatre mille cinq cents livres de biscuit étaient entièrement gâtées, et que plus de trois milliers n’étaient guère en un meilleur état.

Pendant son séjour en cet endroit, Cook eut une nouvelle preuve, et plus complète que les précédentes, de l’anthropophagie des Néo-Zélandais. Un officier ayant acheté la tête d’un jeune homme qui venait d’être tué et mangé, plusieurs indigènes, qui l’aperçurent, témoignèrent le désir d’en avoir quelque morceau. Cook la leur céda, et, par l’avidité avec laquelle ils se jetèrent sur ce mets répugnant, il put se convaincre du plaisir que ces cannibales éprouvent à se repaître d’un aliment qu’il leur est difficile de se procurer.

La Résolution quitta la Nouvelle-Zélande, le 20 novembre, s’enfonçant dans les régions glacées qu’elle avait déjà parcourues. Mais qu’elles étaient plus pénibles, les circonstances dans lesquelles se faisait cette seconde tentative ! Si l’équipage était en bonne santé, les hommes, très affaiblis par les fatigues, offriraient sans doute moins de résistance aux maladies, d’autant plus qu’il n’y avait pas de vivres frais à bord ! La Résolution n’avait plus sa conserve, et l’on était maintenant persuadé de la non-existence du continent austral ! C’était donc, pour ainsi dire, un voyage « platonique ». Il fallait prouver jusqu’à la dernière évidence qu’on ne découvrirait pas de nouvelles terres un peu importantes dans ces parages désolés.

Ce ne fut que le 12 décembre qu’on rencontra les premières glaces, et beaucoup plus au sud que l’année précédente. Depuis ce moment, les incidents propres aux navigations sous ces latitudes se reproduisirent tous les jours. Œdidi était stupéfait de cette pluie blanche, de cette neige qui lui fondait dans la main ; mais son étonnement n’eut plus de bornes, lorsqu’il découvrit la première glace, qu’il qualifia de terre blanche.