Page:Verne - Les grands navigateurs du XVIIIe siècle, 1879.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
183
SECOND VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

pendants d’oreille en écaille de tortue, des bracelets de dents de cochon, de grands anneaux d’écaille, une pierre blanche et plate qu’ils se passaient dans la cloison du nez, voilà quels étaient leurs bijoux et leurs parures. Pour armes, ils portaient l’arc et la flèche, la lance et la massue. Les pointes de leurs flèches, qui sont quelquefois au nombre de deux ou de trois, étaient enduites d’une substance que les Anglais crurent être venimeuse, à voir le soin avec lequel les naturels les serraient toujours dans une sorte de carquois.

À peine la Résolution venait-elle de quitter le port Sandwich, que tout l’équipage fut pris de coliques, de vomissements et de violentes douleurs dans la tête et les os. On avait pêché et mangé deux très gros poissons, qui étaient peut-être sous l’influence de la drogue narcotique dont nous avons parlé plus haut. Toujours est-il que dix jours se passèrent avant que les malades fussent entièrement guéris. Un perroquet et un chien, qui s’étaient nourris de ces poissons, moururent le lendemain. Les compagnons de Quiros avaient éprouvé les mêmes effets, et l’on a plus d’une fois constaté dans ces parages, depuis cette époque, les mêmes symptômes d’empoisonnement.

En partant de Mallicolo, Cook gouverna sur l’île d’Ambrym, qui paraît contenir un volcan, et découvrit bientôt un groupe de petites îles, auxquelles il donna le nom de Shepherd, en l’honneur du professeur d’astronomie de Cambridge. Puis il vit l’île des Deux-Collines, Montagu, Hinchinbrook, et, la plus considérable de toutes, l’île Sandwich, qu’il ne faut pas confondre avec le groupe de ce nom. Toutes ces îles, reliées et protégées par des brisants, étaient couvertes d’une riche végétation et comptaient de nombreux habitants.

Deux légers accidents vinrent troubler la tranquillité dont on jouissait à bord. Un incendie se déclara, qui fut bientôt éteint, et l’un des soldats de marine, tombé à la mer, fut sauvé presque aussitôt.

Le 3 août, fut découverte l’île de Koro-Mango, dont, le lendemain, Cook gagna le rivage, dans l’espérance d’y trouver une aiguade et un lieu de débarquement. La plupart de ceux qui avaient été empoisonnés par les poissons de Mallicolo n’avaient pas encore recouvré la santé, et ils espéraient obtenir une amélioration notable dans un séjour à terre. Mais la réception qui leur fut faite par des indigènes, armés de massues, de lances et d’arcs, semblait manquer de franchise. Aussi le capitaine se tint-il sur ses gardes. Voyant qu’ils ne pouvaient déterminer les Anglais à haler leur embarcation sur la plage, les naturels voulurent les y contraindre. Un chef et plusieurs hommes s’efforcèrent d’arracher les avirons des mains des matelots. Cook voulut tirer un coup de fusil, mais l’amorce seule partit. Les Anglais furent aussitôt accablés de pierres et de