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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

mains, reconnaissables à une large cicatrice, sa tête dépouillée de chair et divers autres débris furent remis aux Anglais, qui, trois jours après, rendirent à ces restes précieux les derniers devoirs.

Dès lors, les échanges reprirent comme si rien ne s’était passé, et aucun incident ne marqua la fin de la relâche aux îles Sandwich.

Le capitaine Clerke avait laissé le commandement de la Discovery au lieutenant Gore, et mis son pavillon à bord de la Résolution. Après avoir achevé la reconnaissance des îles Hawaï, il fit voile pour le nord, toucha au Kamtchatka, où les Russes lui firent bon accueil, franchit le détroit de Behring, et s’avança jusqu’à 69° 50’ de latitude nord, où les glaces lui barrèrent le chemin.

Le 22 août 1779, le capitaine Clerke mourait des suites d’une phthisie pulmonaire à l’âge de trente-huit ans. Le capitaine Gore prit alors le commandement en chef, relâcha de nouveau au Kamtchatka, puis à Canton et au cap de Bonne-Espérance, et mouilla dans la Tamise, le 1er  octobre 1780, après plus de quatre ans d’absence.

La mort du capitaine Cook fut un deuil général en Angleterre. La Société royale de Londres, qui le comptait parmi ses membres, fit frapper en son honneur une médaille, dont les frais furent couverts par une souscription publique, à laquelle prirent part les plus grands personnages.

Si le nom de ce grand navigateur est éteint aujourd’hui, sa mémoire est toujours vivante, comme on a pu s’en convaincre à la séance solennelle de la Société française de géographie du 14 février 1879.

Une nombreuse assistance s’était réunie pour célébrer le centenaire de la mort de Cook. On y comptait plusieurs représentants des colonies australiennes, aujourd’hui si florissantes, et de cet archipel Hawaï où il avait trouvé la mort. Une grande quantité de reliques, provenant du grand navigateur, ses cartes, les magnifiques aquarelles de Webber, des instruments et des armes des insulaires de l’Océanie, décoraient la salle.

Ce touchant hommage, à cent ans de distance, rendu par un peuple, dont le roi avait recommandé de ne pas inquiéter la mission scientifique et civilisatrice de Cook, était bien fait pour trouver de l’écho en Angleterre et cimenter les liens de bonne amitié qui rattachent désormais la France au Royaume-Uni.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE.