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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.


III

Voyage du capitaine Marchand. — Les Marquises. — Découverte de Nouka-Hiva. — Mœurs et coutumes des habitants. — Les îles de la Révolution. — La côte d’Amérique et le port de Tchikitané. — Le canal de Cox. — Relâche aux îles Sandwich. — Macau. — Déception. — Retour en France. — Découvertes de Bass et de Flinders sur les côtes de l’Australie. — Expédition du capitaine Baudin. — La terre de d’Endracht et la terre de Witt. — Relâche à Timor. — Reconnaissance de la terre de Van-Diemen. — Séparation du Géographe et du Naturaliste. — Séjour à Port Jackson. — Les convicts. — Les richesses pastorales de la Nouvelle-Galles du Sud. — Rentrée en France du Naturaliste. — Croisières du Géographe et du Casuarina aux terres de Nuyts, d’Edels, d’Endracht, de Witt. — Second séjour à Timor. — Retour en France.

Un capitaine de la marine marchande, nommé Étienne Marchand, revenait du Bengale en 1788, lorsqu’il rencontra, sur la rade de l’île Sainte-Hélène, le capitaine anglais Portlock. La conversation tomba naturellement sur le commerce, sur les objets d’échange, sur les articles dont la vente procurait les plus grands bénéfices. En homme avisé, Marchand laissa parler son interlocuteur et ne lui répondit que le peu de mots nécessaires pour alimenter la conversation. Il tira de Portlock cette information intéressante, que les fourrures, et particulièrement les peaux de loutre, étaient à vil prix sur la côte occidentale de l’Amérique du Nord et atteignaient en Chine des prix fabuleux ; en même temps, on pouvait se procurer facilement dans le Céleste Empire une cargaison pour l’Europe.

De retour en France, Marchand fit part à ses armateurs, MM. Baux, de Marseille, du renseignement précieux qu’il avait recueilli, et ceux-ci résolurent d’en profiter aussitôt. La navigation dans les mers du Pacifique exigeait un bâtiment d’une force exceptionnelle, pourvu de qualités spéciales. MM. Baux firent donc construire un navire de trois cents tonneaux, chevillé et doublé en cuivre, et le pourvurent de tout ce qui était nécessaire pour le défendre en cas d’attaque, le réparer en cas d’accident, faciliter les opérations commerciales et entretenir la santé des équipages pendant cette campagne, qui devait durer trois ou quatre ans.

Au capitaine Marchand, commandant le Solide, furent adjoints deux capitaines, MM. Masse et Prosper Chanal, trois lieutenants, deux chirurgiens et trois volontaires. C’était, avec les trente-neuf matelots, un équipage de cinquante personnes.

Quatre canons, deux obusiers, quatre pierriers, avec les munitions et les armes nécessaires, complétaient l’armement.

Bien qu’on ne dût arriver dans les mers du cap Horn qu’au commencement de