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LES NAVIGATEURS FRANÇAIS.

page était alors embarqué sur le Naturaliste. Le Géographe était attendu avec la plus vive impatience à Port-Jackson, où des secours de toute sorte lui avaient été préparés.

Depuis trois jours le Géographe était devant Port-Jackson, sans que la faiblesse de ses matelots lui permit d’y entrer, lorsqu’une chaloupe anglaise se détacha du rivage, lui amenant un pilote et les hommes nécessaires aux manœuvres.

« D’une entrée qui n’a pas plus de deux milles en travers, dit la relation, le Port-Jackson s’étend jusqu’à former un bassin spacieux ayant assez d’eau pour les plus grands navires, offrant assez d’espace pour contenir en pleine sûreté tous ceux qu’on voudrait y rassembler : mille vaisseaux de ligne pourraient y manœuvrer aisément, avait dit le commodore Phillip.

« Vers le milieu de ce port magnifique et sur son bord méridional, dans une des anses principales, s’élève la ville de Sydney. Assise sur le revers de deux coteaux voisins l’un de l’autre, traversée dans sa longueur par un petit ruisseau, cette ville naissante offre un coup d’œil agréable et pittoresque.

« Ce qui frappe tout d’abord les yeux, ce sont les batteries, puis l’hôpital, qui peut contenir deux ou trois cents malades et dont toutes les pièces ont été apportées d’Angleterre par le commodore Phillip. Puis, ce sont de grands magasins au pied desquels les plus gros navires peuvent venir décharger leurs cargaisons. Sur les chantiers étaient en construction des goélettes et des bricks entièrement construits des bois du pays.

« Consacrée pour ainsi dire par la découverte du détroit qui sépare la Tasmanie de la Nouvelle-Hollande, la chaloupe de M. Bass est conservée dans le port avec une sorte de respect religieux ; quelques tabatières faites avec le bois de sa quille sont des reliques dont les possesseurs se montrent aussi fiers que jaloux, et M. le gouverneur ne crut pas pouvoir faire un présent plus honorable à notre commandant, que celui d’un morceau du bois de cette chaloupe enchâssé dans une large bande d’argent, autour de laquelle étaient graves les principaux détails de la découverte du détroit de Bass. »

Il faut admirer ensuite la prison, pouvant contenir cent cinquante à deux cents prisonniers, les magasins au vin et autres approvisionnements, la place d’armes, sur laquelle donne la maison du gouverneur, les casernes, l’observatoire et l’église, dont les fondements étaient à cette époque à peine sortis de terre.

La métamorphose qui s’était opérée chez les convicts n’était pas moins intéressante à observer.