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LES NAVIGATEURS FRANÇAIS.

ravitaillé complètement, le capitaine Baudin quittait Timor et faisait voile d’abord pour la Terre de Witt, où il espérait trouver des brises de terre et de mer propres à le faire avancer dans l’est, puis ensuite pour l’île de France, où il mourut, le 13 septembre 1803. L’état de plus en plus précaire de sa santé n’influa-t-il pas singulièrement sur le caractère de ce chef d’expédition, et l’état-major aurait-il eu autant à se plaindre d’un homme dont toutes les facultés eussent été en équilibre ? C’est aux physiologistes qu’il appartient de répondre.

Le 23 mars, le Géographe entrait dans la rade de Lorient, et, trois jours après, on commençait à débarquer les diverses collections d’histoire naturelle qu’il rapportait.

« Indépendamment d’une foule de caisses de minéraux, de plantes desséchées, de poissons, de reptiles et de zoophytes conservés dans l’alcool, de quadrupèdes et d’oiseaux empaillés ou disséqués, nous avions encore soixante-dix grandes caisses remplies de végétaux en nature, comprenant près de deux cents espèces de plantes utiles, environ six cents espèces de graines, enfin une centaine d’animaux vivants. »

Nous compléterons ces renseignements par quelques détails extraits du rapport fait au gouvernement par l’Institut. Ils ont particulièrement trait à la collection zoologique réunie par MM. Péron et Lesueur.

« Plus de cent mille échantillons d’animaux d’espèces grandes et petites la composent : elle a déjà fourni plusieurs genres importants ; il en reste bien davantage encore à faire connaître, et le nombre des espèces nouvelles, d’après le rapport du professeur du Muséum, s’élève à plus de deux mille cinq cents. »

Si l’on rappelle maintenant que le deuxième voyage de Cook, — le plus brillant qui eût été fait jusqu’à ce jour, —n’en a cependant fourni que deux cent cinquante, et que tous les voyages réunis de Carteret, de Wallis, de Furneaux, de Meares, de Vancouver lui-même, n’en ont pas tous ensemble produit un nombre aussi considérable ; si l’on observe qu’il en est de même de toutes les expéditions françaises, il en résulte que MM. Péron et Lesueur auront eux seuls plus fait connaître d’animaux nouveaux que tous les naturalistes voyageurs de ces derniers temps.

Quant aux résultats géographiques et hydrographiques, ils étaient considérables. Le gouvernement anglais s’est toujours refusé à les reconnaître, et Desborough Cooley, dans son Histoire des Voyages, subordonne complètement les découvertes de Baudin à celles de Flinders. Au reste, on alla jusqu’à supposer que Flinders n’avait été retenu prisonnier pendant six ans et demi à l’île de France que pour laisser aux rédacteurs français le loisir de consulter ses cartes