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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

je savais que le major Houghton avait recueilli, de la même manière, des informations pareilles.

« La capitale du Bambara, Sego, où j’arrivais alors, consiste proprement en quatre villes distinctes, deux desquelles sont situées sur la rive septentrionale du fleuve et s’appellent Sego-Korro et Sego-Bou. Les deux autres sont sur la rive méridionale et portent les noms de Sego-Sou-Kurro et Sego-See-Korro. Toutes sont entourées de grands murs de terre. Les maisons sont construites en argile ; elles sont carrées et leurs toits sont plats ; quelques-unes ont deux étages ; plusieurs sont blanchies.

« Outre ces bâtiments, on voit, dans tous les quartiers, des mosquées bâties par les Maures. Les rues, quoique étroites, sont assez larges pour tous les usages nécessaires dans un pays où les voitures à roues sont absolument inconnues. D’après toutes les notions que j’ai pu recueillir, j’ai lieu de croire que Sego contient dans sa totalité environ trente mille habitants.

 « Le roi de Bambara réside constamment à Sego-See-Korro ; il emploie un grand nombre d’esclaves à transporter les habitants d’un côté à l’autre de la rivière. Le salaire qu’ils reçoivent de ce travail, quoiqu’il ne soit que de dix cauris par personne, fournit au roi, dans le cours d’une année, un revenu considérable. »

Influencé par les Maures, le roi ne voulut pas recevoir le voyageur et lui interdit le séjour de sa capitale, où, d’ailleurs, il n’aurait pu le soustraire aux mauvais traitements. Mais, pour ôter à son refus tout caractère de mauvais vouloir, il envoya à Mungo-Park un sac de cinq mille cauris, à peu près vingt-cinq francs de notre monnaie, pour acheter des vivres. Le messager du roi devait, en outre, servir de guide au voyageur jusqu’à Sansanding. Toute protestation, toute récrimination était impossible ; il n’y avait qu’à s’exécuter ; c’est ce que fit Mungo-Park.

Avant d’arriver à Sansanding, il assista à la récolte du beurre végétal que produit un arbre appelé Shea.

« Cet arbre, dit la relation, croît abondamment dans toute cette partie du Bambara. Il n’est pas planté par les habitants, mais on le trouve croissant naturellement dans les bois. Il ressemble beaucoup à un chêne américain, et le fruit, avec le noyau duquel, séché au soleil et bouilli dans l’eau, on prépare le beurre végétal, ressemble un peu à l’olive d’Espagne. Le noyau est enveloppé d’une pulpe douce que recouvre une mince écorce verte. Le beurre qui en provient, outre l’avantage qu’il a de se conserver toute l’année sans sel, est plus blanc, plus ferme, et, à mon goût, plus agréable qu’aucun beurre de lait de