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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

Après deux relâches à Ténériffe et à la baie Simon, puis au cap de Bonne-Espérance, Vancouver s’enfonça dans le sud, reconnut l’île Saint-Paul, et cingla vers la Nouvelle-Hollande, entre les routes de Dampier et de Marion, sur des parages qui n’avaient pas encore été parcourus. Le 27 septembre, fut reconnue une partie de la côte de la Nouvelle-Hollande, terminée par un cap formé de falaises élevées, qui reçut le nom de cap Chatam. Comme un certain nombre de ses matelots étaient attaqués de la dysenterie, Vancouver résolut de relâcher dans le premier port qu’il rencontrerait, afin de s’y procurer l’eau, le bois, et surtout les vivres frais qui lui manquaient. Ce fut au port du Roi Georges III qu’il s’arrêta. Il y trouva des canards, des courlis, des cygnes, une grande quantité de poissons, des huîtres ; mais il ne put entrer en communication avec aucun habitant, bien qu’on eût découvert un village d’une vingtaine de huttes tout récemment abandonnées.

Nous n’avons pas à suivre la croisière de Vancouver sur la côte sud-ouest de la Nouvelle-Hollande ; elle ne nous apprendrait rien que nous ne sachions déjà.

Le 26 octobre, fut doublée la terre de Van-Diemen, et le 2 novembre, on reconnut la côte de la Nouvelle-Zélande, où les deux bâtiments anglais allèrent mouiller à la baie Dusky. Vancouver y compléta les relèvements que Cook avait laissés inachevés. Un ouragan sépara bientôt de la Découverte le Chatam, qui fut retrouvé dans la baie de Matavaï, à Taïti. Pendant cette dernière traversée, Vancouver avait aperçu quelques îles rocheuses, qu’il appela les Embûches (the Snaves), et une île plus considérable, nommée Oparra. De son côté, le capitaine Broughton avait découvert l’île Chatam à l’est de la Nouvelle-Zélande. Les incidents de la relâche à Taïti rappellent trop ceux du séjour de Cook, pour qu’il soit utile de les rapporter.

Le 24 janvier 1792, les deux bâtiments partirent pour les Sandwich et s’arrêtèrent quelque peu à Owhyhee, à Waohoo et à Attoway. Depuis le massacre de Cook, bien des changements étaient survenus dans l’archipel. Des navires anglais et américains, qui faisaient la pêche de la baleine ou le commerce des fourrures, commençaient à le visiter. Leurs capitaines avaient donné aux naturels le goût de l’eau-de-vie et le désir de posséder des armes à feu. Les querelles entre les petits chefs étaient devenues plus fréquentes, l’anarchie la plus complète régnait partout, et déjà le nombre des habitants avait singulièrement diminué.

Le 17 mars 1792, Vancouver abandonna les îles Sandwich, et fit route pour l’Amérique, dont il reconnut bientôt la partie de côte nommée par Drake Nou-