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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE

La masse prodigieuse de notes que Humboldt recueillit pendant l’année qu’il résida dans ce pays, et qui le mirent à même de publier son Essai sur la Nouvelle-Espagne, suffirait à prouver, s’il en était besoin, après ce que nous avons dit de ses courses antérieures, quelle était sa passion de s’instruire, quelles étaient son indomptable énergie et sa prodigieuse faculté de travail.

Tout à la fois, il s’occupait des antiquités et de l’histoire du Mexique ; il étudiait le caractère, les mœurs et la langue des habitants ; en même temps, il faisait des observations d’histoire naturelle, de physique, de chimie, d’astronomie et de géographie. Cette universalité est véritablement merveilleuse.

Les mines de Tasco, de Moran, de Guanajuato, qui produisent plusieurs millions de piastres par an, attirent tout d’abord l’attention de Humboldt, dont les premières études avaient porté sur la géologie. Puis il observe le volcan de Jerullo, qui, le 29 septembre 1759, au milieu d’une plaine immense, à trente-six lieues de la mer, à plus de quarante lieues de tout foyer volcanique, avait jailli de la terre et formé une montagne de cendres et de scories haute de dix-sept cents pieds.

À Mexico, les deux voyageurs trouvèrent toutes les ressources nécessaires pour mettre en ordre les collections immenses qu’ils avaient réunies, pour classer et coordonner leurs observations, pour préparer l’atlas géologique qu’ils allaient publier.

Enfin, au mois de janvier 1804, ils quittèrent cette ville afin de reconnaître le versant oriental des Cordillères et mesurer les deux volcans gigantesques de Puebla.

Humboldt, après cette dernière exploration, descendit à la Vera-Cruz, fut assez heureux pour échapper à la fièvre jaune qui dévastait la contrée, gagna la Havane, où il avait, en 1800, déposé la meilleure partie de ses collections, consacra quelques semaines, à Philadelphie, à l’étude nécessairement sommaire de la constitution politique des États-Unis, et revint en Europe au mois d’août 1804.

Les résultats des voyages de Humboldt étaient tels, qu’on peut dire qu’il est le véritable découvreur de l’Amérique équinoxiale. Avant lui, on exploitait cette terre sans la connaître, et quantité des innombrables richesses qu’elle produit étaient absolument ignorées. Il faut le proclamer hautement, jamais voyageur n’avait fait accomplir un tel pas à la géographie physique et à toutes les sciences qui en sont voisines. Humboldt est le type accompli du voyageur.


FIN DES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE