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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

très bonne eau. Le sol était uni, sablonneux, couvert d’arbres, surtout de palmiers et de cocotiers, et parsemé de végétaux antiscorbutiques.

« Les habitants de cette île, dit la relation, étaient d’une taille moyenne, leur teint était brun et ils avaient de longs cheveux noirs, épars sur les épaules. Les hommes étaient bien faits et les femmes belles. Leur vêtement était une espèce d’étoffe grossière, attachée à la ceinture, et qui paraissait faite pour être relevée autour des épaules. »

L’après-midi, Wallis renvoya le lieutenant à terre pour faire de l’eau et prendre possession de cette nouvelle découverte au nom de Georges III, en lui donnant le nom d’île de la Reine-Charlotte, en l’honneur de la reine d’Angleterre.

Après avoir opéré en personne une reconnaissance, Wallis résolut de s’arrêter en cet endroit pendant une semaine, à cause des facilités d’approvisionnement qu’il y rencontrait.

Durant leurs promenades, les marins anglais ramassèrent des outils de coquilles et de pierres aiguisées, façonnées et emmanchées en forme de doloires, de ciseaux et d’alènes. Ils aperçurent également plusieurs canots, en construction, faits de planches cousues ensemble. Mais, ce qui les surprit le plus, ce fut des tombeaux où les cadavres étaient exposés sous une sorte de toit et pourrissaient à l’air libre. En partant, ils laissèrent des haches, des clous, des bouteilles et d’autres objets, en réparation des torts qu’ils avaient causés aux indigènes.

Si le xviiie siècle afficha de grandes prétentions à la philanthropie, on voit, par les récits de tous les voyageurs, que ces théories, si fort à la mode, furent pratiquées presque en toute circonstance. L’humanité avait fait un grand pas. La différence de couleur n’empêchait plus de voir un frère en tout homme, et la Convention allait, à la fin du siècle, en décrétant l’affranchissement des noirs, consacrer définitivement une idée qui rencontrait de nombreux adeptes.

Le même jour fut relevée, à l’ouest de l’île de la Reine-Charlotte, une nouvelle terre dont le Dauphin rangea la côte sans trouver de fond. Basse, couverte d’arbres, sans cocotiers, sans trace d’habitations, elle ne semblait servir que de rendez-vous de chasse et de pêche aux naturels des îles voisines. Aussi Wallis ne jugea-t-il pas à propos de s’y arrêter. Il lui donna le nom d’Egmont, en l’honneur du comte d’Egmont, alors premier lord de l’Amirauté.

Les jours suivants, nouvelles découvertes. Ce furent tour à tour les îles Glocester, Cumberland, Guillaume-Henri et Osnabruck. Le lieutenant Furneaux, sans débarquer sur cette dernière, put se procurer quelques rafraîchissements. Ayant aperçu sur la grève plusieurs pirogues doubles, il jugea qu’il devait y avoir, à peu de distance, des îles plus étendues où l’on pourrait sans doute