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LES PRÉCURSEURS DU CAPITAINE COOK.

Wallis s’arrêta. Il gouverna donc, dans le nord-ouest, et, le 19 septembre, après une navigation trop heureuse pour avoir une histoire, il jeta l’ancre dans le havre de Tinian.

Les incidents qui avaient marqué la relâche de Byron en cet endroit se reproduisirent avec une beaucoup trop grande régularité. Pas plus que son prédécesseur, Wallis n’eut à se louer des facilités d’approvisionnement et de la température du pays. Si les scorbutiques guérirent en peu de jours, si les voiles purent être raccommodées, si le bâtiment put être radoubé et calfaté, l’équipage eut le bonheur inattendu de ne pas contracter de fièvres.

Le 16 octobre 1767, le Dauphin reprit la mer ; mais, cette fois, il essuya une série d’épouvantables tempêtes qui déchirèrent les voiles, rouvrirent la voie d’eau, démolirent en partie le gouvernail et emportèrent les dunettes avec tout ce qui se trouvait sur le château d’avant.

Les Bashees furent cependant doublées et le détroit de Formose franchi. Les îles Sandy, Small-Key, Long-Island, New-Island, furent reconnues, ainsi que Condor, Timor, Aros et Pisang, Pulo-Taya, Pulo-Toté et Sumatra, avant d’arriver à Batavia, le 30 novembre.

La dernière partie du voyage s’accomplit dans des localités dont nous avons eu déjà plusieurs fois occasion de parler. Il nous suffira donc de dire que, de Batavia, où l’équipage avait pris les fièvres, Wallis gagna le Cap, puis Sainte-Hélène, et arriva, le 20 mai 1768, aux Dunes, après six cent trente-sept jours de navigation.

Il est regrettable qu’Hawkesworth n’ait pas reproduit les instructions données à Wallis par l’Amirauté. Faute de les connaître, nous ne pouvons décider si ce hardi marin exécuta rigoureusement les ordres qui lui avaient été remis. Nous voyons qu’il suivit, sans guère s’en écarter, la route tracée par ses prédécesseurs dans l’océan Pacifique. En effet, presque tous abordent à l’archipel Dangereux, laissant de côté la partie de l’Océanie où les îles sont le plus nombreuses et où Cook devait faire tant et de si importantes découvertes. Habile navigateur, Wallis sut tirer d’un armement hâtif, et par cela même incomplet, des ressources imprévues, qui lui permirent de mener à bien une entreprise aventureuse. Il faut également le louer de son humanité et des efforts qu’il fit pour rassembler des documents sérieux sur les populations qu’il visita. S’il eût possédé, à son bord, quelques savants spéciaux, nul doute que la moisson scientifique n’eût été plus abondante. La faute en revient à l’Amirauté.

Nous avons dit que, le 10 avril 1767, au moment où le Dauphin et le Swallow débouchaient dans l’océan Pacifique, le premier de ces bâtiments, emporté par