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Page:Verne - Maître du monde, Hetzel, 1904.djvu/154

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maître du monde

— Ils viendront se rembarquer, et il sera temps de leur couper la retraite. »

Du reste, vers le lac, là où était accosté le bateau, on n’entendait aucun bruit. Je quittai la cavité, je suivis la passe et m’arrêtai à l’endroit où le grappin mordait le sable…

L’appareil était là, tranquille au bout de son amarre. Pas de lumière à bord, personne ni sur le pont, ni sur le plateau. L’occasion n’était-elle pas propice ?… Sauter à bord, et attendre le retour des deux hommes ?…

« Monsieur Strock… monsieur Strock ! »

C’était Wells qui me rappelait.

Je revins en toute hâte, et me blottis près de lui.

Peut-être était-il trop tard pour prendre possession du bateau, mais peut-être aussi la tentative eût-elle échoué si d’autres se trouvaient à bord ?…

Quoi qu’il en soit, celui qui portait le fanal et son compagnon venaient de reparaître sur la lisière et redescendaient la grève. Assurément, ils n’avaient rien découvert de suspect. Chargés l’un et l’autre d’un ballot, ils suivirent la passe et s’arrêtèrent au pied du plateau.

Aussitôt, la voix de l’un d’eux se fit entendre :

« Eh ! capitaine ?…

— Voilà ! » fut-il répondu.

Wells, penché à mon oreille, me dit :

« Ils sont trois…

— Peut-être quatre…, répondis-je, peut-être cinq ou six ! »

La situation ne laissait pas de se compliquer. Contre un équipage trop nombreux qu’aurions-nous pu faire ?… Dans tous les cas, la moindre imprudence nous eût coûté cher !… Maintenant que les deux hommes étaient de retour, allaient-ils se rembarquer avec les ballots ?… Puis, son amarre larguée, le bateau quitterait-il la crique ou y resterait-il jusqu’au lever du jour ?…