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robur-le-conquérant

l’Algérie, de la Tunisie, de la Tripolitaine. Revenant vers Tombouctou, la Reine du Soudan, il s’aventura à la surface de l’Atlantique.

Et, toujours, il marchait en direction du sud-ouest, et rien ne put l’arrêter au-dessus de cette immense plaine liquide, rien, pas même les orages qui éclataient avec une extrême violence, pas même une de ces formidables trombes qui l’enveloppa de tourbillons et d’où, grâce au sang-froid et à l’adresse de son pilote, il put se dégager en la brisant à coups de canon.

Lorsque la terre réapparut, ce fut à l’entrée du détroit de Magellan. L’Albatros le traversa du nord au sud pour l’abandonner à l’extrémité du cap Horn et s’élancer au-dessus des parages méridionaux de l’océan Pacifique.

Alors, bravant les régions désolées de la mer Antarctique, après avoir lutté contre un cyclone dont il parvint à gagner le centre relativement calme, Robur se promena sur ces contrées, presque inconnues, de la terre de Graham ; au milieu des magnificences d’une aurore australe, il se balança pendant quelques heures au-dessus du pôle. Repris par l’ouragan, entraîné vers l’Erebus, qui vomissait ses flammes volcaniques, ce fut miracle s’il put leur échapper.

Enfin, dès la fin de ce mois de juillet, après être remonté vers le Pacifique, il s’arrêta à portée d’une île de l’océan Pacifique. L’ancre, lancée au-dehors, mordit aux rochers du littoral, et l’Albatros, pour la première fois depuis son départ, demeura immobile à cent cinquante pieds du sol, maintenu par ses hélices suspensives.

Cette île, ainsi que Uncle Prudent et son compagnon allaient l’apprendre, était l’île Chatam, à quinze degrés dans l’est de la Nouvelle-Zélande. Si l’aéronef venait d’y prendre contact, c’est que ses propulseurs, avariés dans le dernier ouragan, exigeaient des réparations sans lesquelles il n’aurait pu regagner l’île X,