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robur-le-conquérant

Robur pendant la mémorable séance ?… Cette pensée ne vint et n’aurait pu venir à personne.

Mais les collègues des deux honorables s’inquiétèrent de ne plus les revoir. On fit des recherches, la police s’en mêla, des télégrammes furent lancés dans toutes les directions, à travers le nouveau comme l’ancien continent. Résultats absolument nuls. Même une prime de cinq mille dollars, promise à tout citoyen qui apporterait quelque information relative aux disparus, resta dans la caisse du Weldon-Institut.

Telle était la situation. L’émotion, particulièrement aux États-Unis, fut extrême, et j’en ai conservé un vif souvenir.

Or, le 20 septembre, une nouvelle, qui courut d’abord à Philadelphie, se propagea immédiatement au-dehors.

Uncle Prudent et Phil Evans avaient réintégré dans l’après-midi le domicile du président du Weldon-Institut.

Le soir même, convoqués en séance, les membres reçurent avec enthousiasme leurs deux collègues. Aux questions qui leur furent posées, ceux-ci répondirent avec la plus grande réserve ou, pour mieux dire, ils ne répondirent pas. Or, voici ce qui fut révélé plus tard.

Après l’évasion et la disparition de l’Albatros, Uncle Prudent et Phil Evans s’occupèrent d’assurer leur existence, en attendant l’occasion de quitter l’île Chatam, dès qu’elle se présenterait. Sur la côte occidentale, ils rencontrèrent une tribu d’indigènes, qui ne leur fit point mauvais accueil. Mais cette île est peu fréquentée, les navires y relâchent rarement. Il fallut donc s’armer de patience, et ce fut seulement cinq semaines après, que ces naufragés de l’air purent s’embarquer pour l’Amérique.

Or, dès leur retour, sait-on quelle fut l’unique préoccupation d’Uncle Prudent et de Phil Evans ?… Tout simplement de reprendre le travail interrompu, d’achever la construction du ballon Go a head, et de s’élancer de nouveau à travers les hautes