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à morganton

l’intelligence, était très entendu aux importantes fonctions qu’il remplissait. Il m’avait plusieurs fois chargé de missions difficiles dont je m’étais tiré avec avantage, même dans un intérêt politique, et qui me valurent son approbation. Or, depuis quelques mois, aucune occasion de reprendre mon service ne s’était présentée, et cette oisiveté ne laissait pas de m’être pénible. J’attendais donc, non sans impatience, la communication qu’allait me faire M. Ward. Je ne doutais pas qu’il ne s’agît de me remettre en campagne pour quelque sérieux motif.

Or, voici de quelle affaire m’entretint le chef de la police, — affaire qui préoccupait actuellement l’opinion publique, non seulement dans la Caroline du Nord et dans les États voisins, mais aussi dans toute l’Amérique.

« Vous n’êtes pas, me dit-il, sans avoir connaissance de ce qui se passe en une certaine partie des Apalaches, aux environs de la bourgade de Morganton ?…

— En effet, monsieur Ward, et, à mon avis, ces phénomènes au moins singuliers sont bien faits pour piquer la curiosité, ne fût-on pas aussi curieux que je le suis.

— Que ce soit singulier, étrange même, Strock, aucun doute à ce sujet. Mais il y a lieu de se demander si lesdits phénomènes observés au Great-Eyry ne constituent pas un danger pour les habitants de ce district, s’ils ne sont pas les signes avant-coureurs de quelque éruption volcanique ou de quelque tremblement de terre…

— C’est à craindre, monsieur Ward…

— Il y aurait donc intérêt, Strock, à savoir ce qu’il en est. Si nous sommes désarmés en présence d’une éventualité d’ordre naturel, il conviendrait pourtant que les intéressés fussent prévenus à temps du danger qui les menace.

— C’est le devoir des autorités, monsieur Ward, répondis-je. Il faudrait se rendre compte de ce qui se passe là-haut…