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mathias sandorf.

thory, que nous sommes déjà assez loin de la forteresse. Étant donnée la rapidité du torrent, qui nous a entraînés sous terre pendant plus de six heures, je n’en suis pas autrement surpris.

— Oui, cela doit être ! » dit le comte Sandorf.

Cependant, deux heures plus tard, quelques paludiers, en passant devant l’enclos sans s’y arrêter, parlèrent d’une brigade de gendarmes qu’ils avaient rencontrée à la porte de la ville.

Quelle ville ?… Ils ne la nommèrent pas.

Cela n’était pas de nature à rassurer les deux fugitifs. Si des gendarmes couraient le pays, c’est que, très probablement, ils avaient été envoyés à leur recherche.

« Et pourtant, dit Étienne Bathory, dans les conditions où nous nous sommes échappés, on devrait nous croire morts et ne point nous poursuivre…

— On ne nous croira morts que lorsqu’on aura retrouvé nos cadavres ! » répondit Mathias Sandorf.

Quoi qu’il en soit, il n’était pas douteux que la police fût sur pied et recherchât les fugitifs. Ils résolurent donc de rester cachés jusqu’à la nuit dans la ferme. La faim les torturait, mais ils n’osèrent quitter leur refuge, et ils firent bien.

Vers cinq heures du soir, en effet, les pas d’une petite troupe à cheval résonnèrent sur la route.